Je ne peux m’empêcher de réagir à l’éditorial du Dr Ladouceur1. Si effectivement, les visites à domicile (VAD) par les omnipraticiens représentent 2,3% des actes facturés, c’est énorme à mon avis. Un médecin peut facilement facturer de 5 à 10 actes dans le temps nécessaire pour faire 1 VAD (60 à 90 minutes). Il faudrait donc savoir plutôt le temps dévolu aux VAD dans la pratique des médecins. En se basant sur l’estimation précédente que la VAD prend au moins 5 fois plus de temps qu’un visite au cabinet, on arrive à une moyenne de 10% du temps pour les médecins payés à l’acte, le tableau est bien différent et compte tenu que ce n’est pas tous les médecins de famille qui ont une pratique où la VAD peut être indiquée, je trouve plus que raisonnable ce 2,3% des actes facturés. D’autant plus que ces chiffres ne tiennent aucunement compte des VAD facturées par les médecins non participants mais surtout comme tu le soulignes la majorité des VAD sont faites par des médecins qui ne sont pas payés à l’acte comme dans les CLSC. Le désavantage de ce type d’organisation est que le médecin qui se rend à domicile n’est pas le médecin de famille habituel, mais il est peu probable que nous ayons le même médecin tout au long de notre vie et quel que soit le lieu où les services sont rendus (cabinet, urgence, hospitalisation, domicile).
La vraie question est de savoir si les patients qui nécessitent une visite ou un suivi à domicile y ont vraiment accès. La réponse est certainement très variable selon la région observée. Ce type de pratique par les médecins payés à l’acte est un service de «bon samaritain» qui a certainement sa place dans une pratique globale de prise en charge, mais qui restera exceptionnelle pour la majorité d’entre nous. Il est cependant primordial que ce type de service soit enseigné à nos résidents de médecine familiale. La VAD est d’une richesse insoupçonnée pour ceux qui n’en ont jamais faite, les connaissances sur notre malade et la compréhension de son mode de vie, acquises lors de ces visites sont très difficiles à obtenir autrement.
En tant que médecin, j’ai fait des VAD comme médecin de famille individuel durant une vingtaine d’années et comme membre d’une équipe de soins organisée, l’hôpital à domicile, durant 11 ans. Cet aspect de la pratique du médecin de famille est très valorisant et très apprécié de notre clientèle. Il faut cependant en faire comprendre aux patients le caractère exceptionnel et temporaire. Il faut nécessairement bien choisir les patients pour qui ce type de service est indiqué, car on peut facilement «perdre son temps» en multipliant des VAD inutiles médicalement, bien qu’appréciées socialement par nos patients et leur famille. Il n’est pas rentable pour le médecin ni pour la société que les médecins se déplacent à domicile sans raison valable. Ce type de service doit être réservé aux patients très vulnérables qui ne peuvent se déplacer. Si les VAD devenaient trop fréquentes en cette période de pénurie de médecin, il s’agirait d’une très mauvaise utilisation de nos ressources. L’idéal est d’entourer le médecin d’une équipe multidisciplinaire (infirmière, préposée, accompagnante, etc) pour que les bons services soient rendus par les bons intervenants … aux bons patients.
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