Merci de nous donner l’occasion de répondre au texte du Dre Marchand. Nos deux textes reflètent bien les différentes positions vis-à-vis de l’exercice de l’empathie en médecine, où l’accent est mis soit sur ses dimensions affectives soit sur ses dimensions cognitives et comportementales. Plusieurs auteurs reconnaissent quatre dimensions à l’empathie: affective, morale, cognitive et comportementale1–3. Nous mettons l’accent sur les deux dernières dimensions de l’empathie. Cette position nous semble plus conforme aux tâches cliniques qui exigent la compréhension du problème et la recherche de solutions adaptées au contexte du patient. Nous reconnaissons également que le contexte où les soins sont prodigués et la nature du problème sont des modulateurs puissants de la nécessité de démontrer de l’empathie4.
Les médecins s’exposent à des difficultés émotives importantes lorsque l’empathie est définie comme « a capacité de ressentir soi-même les émotions d’un autre ». Pour nous, il est impossible de ressentir les émotions de l’autre. L’autre restera l’autre, il ne deviendra jamais soi. C’est précisément lorsque l’on ne fait plus cette différence entre soi et l’autre que des difficultés se présentent. Si un médecin est incapable de maintenir cette distance, il est certain qu’il va au-devant de problèmes.
Donc il s’agit d’imaginer ce que le patient peut ressentir. Il ne s’agit pas du tout de vivre ce qu’il vit. Si le médecin croit être arrivé à imaginer ce que le patient vit, alors, l’autre étape est de le lui communiquer. Cette communication explicite donnera au patient le sentiment d’être compris. En conséquence, les solutions que le médecin lui proposera auront plus de chances d’être perçues comme pertinentes.
En tant que professionnel, le médecin doit être capable d’écouter, de comprendre et puis de suggérer des solutions aux problèmes que les patients lui présentent. Cependant, Dre Marchand en arrive à la conclusion que le médecin devrait « être assez à l’aise pour être disponible ». C’est une solution qui suppose un travail personnel de type intrapsychique pour en arriver à être équilibré psychologiquement et en mesure de prodiguer des soins adéquats. Cette conclusion est à l’opposé de nos convictions. Même imparfait, un médecin peut fournir des services professionnels adéquats, car il existe des comportements qui peuvent être appris et qui sont efficaces. Par exemple, un médecin anxieux peut apprendre à écouter ses patients, à les entendre et agir en conséquence. Est-ce qu’il sera moins anxieux? Non. Efficace? Oui. Est-ce qu’il devrait traiter son anxiété? Probablement! Il en serait plus heureux, mais c’est un sujet dont il devrait discuter avec son psychologue.
Footnotes
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This article is also in English on page e286.
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Cette réfutation est la réponse des auteurs des débats dans le numéro d’août (Can Fam Physician 2010;56:740–3 [ang], 744–7 [fr]). Voir www.cfp.ca.
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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