Comme on l’a appris dans d’autres pays, le débat entourant la médecine familiale à titre de spécialité ne porte pas sur la question du généralisme par opposition à la spécialisation.
À bien des égards, Dr Hennen a renforcé l’argument voulant que la médecine familiale mérite d’être reconnue au même titre que les autres spécialités médicales. Il cite Morrell, qui décrit l’étendue du savoir, nous rappelle la méthode centrée sur le patient de McWhinney et Stewart, et parle de l’importance du généralisme dans notre discipline médicale. Par ailleurs, de nos jours, bien d’autres spécialités exigent aussi une vaste étendue de connaissances, utilisent des méthodes cliniques et épousent de plus en plus le généralisme. Plutôt que de reléguer la médecine familiale au second rang comme un simple intervenant de plus dans la sphère généraliste grandissante, la possibilité s’ouvre à nous aujourd’hui de propulser notre discipline aux premiers rangs, où elle peut être le chef de file de toutes les autres, à titre de spécialité la plus experte en généralisme.
La définition d’une spécialité par ses limites n’est pas une façon valable de distinguer la médecine familiale des autres disciplines. La réalité est que bien d’autres spécialités considèrent exiger des connaissances et des habiletés d’une vaste étendue. Simultanément, de nombreux médecins de famille répondent aux besoins de leur communauté et de leurs patients en limitant leur propre pratique, tout en offrant encore les services complets de la médecine familiale dans le contexte de réseaux ou d’équipes regroupant d’autres médecins de famille. Tous ceux qui pratiquent conformément aux 4 principes de la médecine familiale peuvent légitimement faire partie de notre spécialité.
La reconnaissance de la discipline de la médecine familiale comme une spécialité ne changera pas ce qui se produit aux premières lignes de la prestation des soins de santé. Les médecins de famille demeureront les «médecins de premier contact» et dispenseront encore la majorité des soins à la majorité de la population au Canada. Ce qui changera, c’est le degré de respect et de considération à l’égard de la discipline et des médecins.
Dans son ouvrage intitulé «Family medicine’s identity: being generalists in a specialist culture?1», Howard F. Stein souligne qu’à l’encontre de la situation qui prévalait au moment de la création de la médecine familiale, la spécialisation fait maintenant simplement partie de notre ethos culturel. On peut être à la fois un généraliste et un spécialiste.
La médecine familiale, l’assise du généralisme, devrait être reconnue comme la spécialité qu’elle est en réalité.
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