Le mauvais contrôle de la tension artérielle chez les patients souffrant d’hypertension compte au nombre des problèmes sérieux en santé publique au Canada1. Il nous faut donc être très prudents avant de retirer des agents efficaces - avec lesquels les cliniciens sont à l’aise et qu’ils connaissent - de l’arsenal des antihypertenseurs.
Nous convenons avec Dr McCormack que les bêtablo-quants ne sont pas efficaces chez les plus âgés et que ces médicaments devraient être évités comme monothérapie initiale dans ce groupe. Par ailleurs, contrairement à l’affirmation de Dr McCormack, nous considérons que pour de nombreux patients, le potentiel du «2 pour 1» des bêtabloquants en fait des adjuvants intéressants (p.ex. chez les patients atteints d’hypertension et d’in-suffisance cardiaque ou d’angine).
Dr McCormack n’est pas d’accord lorsque nous affirmons que les bêtabloquants sont efficaces pour prévenir les accidents cardiovasculaires lorsqu’ils sont mis à l’épreuve comme monothérapie. Même s’il reconnaît que la réduction relative des événements cardiovasculaires avec les bêtabloquants par rapport au placebo dans les 2 études avec des sujets plus jeunes était de 14% et statistiquement significative (intervalle de confiance [IC] à 95% 0,746–0,996; P = ,04)2, il fait remarquer que la réduction du risque absolu n’était que de 0,5% et croit, par conséquent, que le recours à cet agent n’est pas justifié. Le lecteur avisé saura, par contre, que les réductions du risque absolu sont largement influencées par le point de repère du risque et que très rares sont les thérapies préventives qui sont attrayantes chez les patients plus jeunes si l’on ne se concentre que sur la réduction du risque absolu. Par exemple, dans l’étude du Conseil médical de la recherche sur le traitement de l’hypertension légère à laquelle le Dr McCormack a fait allusion (une des rares études contre placebo mettant à l’épreuve l’efficacité des diurétiques thiazidiques chez les plus jeunes patients ayant une légère hypertension; âge moyen de 52 ans et pression artérielle moyenne de 161/98 mm Hg), les diurétiques thiazidiques ont réduit le risque relatif des accidents cardiovasculaires de 21% (IC à 95% 0,65–0,97; P = ,02), mais les résultats se sont traduits par une réduction du risque absolu de seulement 0,8%3. Dr McCormack préconiseraitil de ne pas utiliser les diurétiques thiazidiques chez les patients plus jeunes atteints d’hypertension en se fondant sur cette réduction modeste du risque absolu? Nous ne le ferions pas.
Dans le traitement de l’hypertension, les cliniciens doivent se rappeler des points suivants:
baisser la tension artérielle réduit les accidents cardiovasculaires;
plus les réductions de la tension artérielle sont élevées, plus grands sont les bienfaits;
la plupart des différences dans les bienfaits observés entre des classes de médicaments lors des études sur le contrôle actif sont attribuables aux différences dans le degré de réduction de la tension artérielle obtenu4;
la plupart des patients souffrant d’hypertension nécessitent plus d’un agent pour atteindre un contrôle optimal.
- Copyright© the College of Family Physicians of Canada