Débat—Définition: 1) Examen d’un problème entraînant une discussion animée, parfois dirigée, entre personnes d’avis différents. 2) Indique que l’événement est organisé pour permettre une discussion. 3) Conflit intérieur (Le petit Larousse illustré).
«Conflit intérieur»…! Voilà exactement ce que je ressens lors que je parcours les débats publiés dans le Médecin de famille canadien. Je lis d’abord la position du «Pro» et conclus que ce protagoniste a bien raison; puis, je regarde les arguments du «Contre» et je ne peux faire autrement que de me ranger à son point de vue! Un mois plus tard, le même phénomène se répète en parcourant leur réplique respective.Bref, les débats me mélangent et me rendent perplexe.
Prenez le débat publié ce mois-ci ( page 1432) sur les β-agonistes pour la maladie pulmonaire obstructive chronique. Salpeter prétend, preuves à l’appui, que nous devrions éviter de prescrire ces médicaments puisqu’ils sont inefficaces voire dangereux. Aaron dit le contraire alléguant que les données utilisées par sa protagoniste pour faire cette affirmation sont incorrectes. Elle rétorque que celles utilisées par les tenants des β-agonistes sont sponsorisées par l’industrie pharmaceutique qui a tendance à ne publier que les études favorables.
Qui a tort? Qui a raison? En fin de compte, cela me donne le goût de paraphraser Yvon Deschamps, en lançant, «Les débats qu’osse ça donne?»
Toutefois, à bien y penser, même si les débats nous laissent souvent perplexes, ils ont des mérites indéniables:
-
D’abord, ils nous permettent de prendre connaissance de questionnements médicaux dont nous ne sommes pas toujours au courant.
-
Ensuite, ils sont l’occasion pour les médecins ou professionnels de la santé de remettre en question les décisions prises par les grandes associations (La médecine familiale est-elle une spécialité?) ou organismes (Les médicaments canadiens sont-ils trop chers?), voire même de contester, preuves l’appui, les recommandations émises par des groupes d’experts (Dépistage systématique du cancer du sein chez les femmes de 40 à 49 ans? Du cancer de la prostate?)
-
Enfin, ils permettent de constater que les interprétations des mêmes données peuvent varier.
-
Et surtout, ils nous apprennent à nous méfier des pièges de la certitude.
Personnellement, même si les débats me laissent souvent perplexes, je me dis que s’il y a controverse, il y a sûrement matière à la réflexion et à prudence. Ces débats sont en quelque sorte des messages annonciateurs; éventuellement la réponse définitive finira bien par émerger d’un coté ou de l’autre.
- Copyright© the College of Family Physicians of Canada