La mémoire est comme un enfant qui marche au bord de la mer. On ne peut savoir quel caillou il ramassera pour le conserver dans sa boîte à trésors.
Pierce Harris (traduction libre)
Voici la dernière lettre que j’écris durant mon mandat de président du Collège des médecins de famille du Canada (CMFC). Ce fut un grand privilège pour moi de pouvoir communiquer avec les médecins de famille grâce à ce média au cours des 12 derniers mois. En réalité, l’année entière s’est révélée être une expérience hors du commun pour un gars originaire d’une petite ville comme Miramichi au Nouveau-Brunswick. J’ai eu l’honneur de rencontrer d’innombrables collègues, des leaders provenant d’autres spécialités et organisations médicales, des représentants d’autres professions de la santé, ainsi que des décideurs des niveaux provincial et national, et d’interagir avec eux. Puis, il y a eu les patients qui me racontaient leurs expériences, certaines bonnes, d’autres moins bonnes. Même si je me suis parfois senti dépassé par la situation, j’ai toujours joui d’un appui considérable de notre directeur général, Dr Cal Gutkin, de l’équipe de la haute direction, du personnel du Collège et des dirigeants du CMFC. J’ai été maintes fois impressionné par les histoires que m’ont racontées d’autres médecins de famille—leur façon de mettre leur cœur et leur âme dans leur travail quotidien en faisant souvent d’immenses sacrifices personnels afin de prendre soin de leurs patients. J’ai aussi été touché par leur ingéniosité, leur persévérance et leur esprit d’initiative. Ils semblaient toujours trouver des façons de créer et de financer de nouveaux projets tout en formant des équipes de professionnels capables de répondre le mieux possible aux besoins de leurs patients.
J’aimerais revenir sur quelques points que les expériences que j’ai vécues cette année ont renforcé pour moi; même s’ils ne sont pas des plus surprenants, ils méritent certainement d’être mentionnés.
J’ai dit à plusieurs occasions que nous étions dans une époque propice à la médecine familiale; c’est un fait qui est ressorti de plusieurs conversations auxquelles j’ai participé cette année et qui ont confirmé la valeur de notre contribution à la durabilité des soins de santé. Il me semble qu’à long terme, les politiques en matière de santé s’articulent de plus en plus autour du travail des médecins de famille. En revanche, cette attention particulière nous rend personnellement responsables de mener la transformation des soins primaires. Nous devons être présents à la table lorsqu’il est question de préoccupations relatives à la qualité et à l’accessibilité. Nous devons aussi être prêts à défendre l’importance des relations continues dans un contexte de médecine familiale complète, de manière à assurer les meilleurs résultats possibles en matière de santé pour nos patients.
L’accessibilité aux soins de santé est ce qui importe le plus aux Canadiens. Même si nous avons fait de grands progrès à cet égard durant les dernières années, il y a encore des millions de citoyens qui disent avoir des difficultés à obtenir les services d’un médecin de famille. Lorsque nous prenons part à une conversation concernant la qualité, nous devons nous rappeler qu’il ne peut y avoir de qualité s’il n’y a pas d’accessibilité, et nous devons aussi être conscients du fait que la qualité n’est qu’une partie de l’égalité. Le système de santé canadien devrait être capable de garantir un accès équitable à la médecine de famille pour tous, sans tenir compte de la situation géographique ou socioéconomique.
Bien que la technologie change sans cesse notre façon de pratiquer notre art, nous devons nous rappeler le rôle de premier ordre que jouent les relations interpersonnelles dans notre travail quotidien. La puissance des histoires que nos patients nous racontent et les liens de confiance et de respect que nous bâtissons avec eux sont les assises de la continuité des soins qui entraînent chez eux de meilleurs résultats en matière de santé. Que nous travaillions en régions rurales ou dans le centre de nos plus grandes villes, nous ne pouvons perdre de vue l’importance de ces expériences des plus humaines.
Nous devons beaucoup de gratitude aux gens qui nous aiment: nos conjoints et partenaires, nos enfants et nos parents. Ils nous voient dans nos moments de plus grande fragilité et de plus grande vulnérabilité et nous offrent leur immense soutien. J’en dois particulièrement beaucoup à ma propre famille—ma conjointe Bernadette et mes enfants Daniel, Emma et Samuel— pour leur amour et leur compréhension, puisque le CMFC a occupé beaucoup de mon temps au cours de la dernière année.
Le CMFC est une organisation solide dont la vision servira de guide pour l’avenir des soins de santé de cette grande nation. Je suis honoré d’avoir été son humble serviteur durant ce court laps de temps.
Merci pour les souvenirs.
Footnotes
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This article is also in English on page 1221.
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