A l’automne de 1972, Subodh Kanani est arrivé à Montréal, au Québec, en tant que réfugié de l’Ouganda, expatrié de l’ancienne colonie britannique par Idi Amin avec quelque 70 000 autres Ougandais de descendance sud-asiatique. Seul à 22 ans et seulement 10$ dans les poches, Kanani ne connaissait personne au Canada, mais un cousin au Kenya avait un ami à Hamilton, en Ontario. C’est là qu’il est allé.
Kanani avait terminé 3,5 ans des 5 années nécessaires à un diplôme de médecine à l’Université Makerere en Ouganda. À sa grande satisfaction, il a appris que la McMaster University à proximité avait une faculté de médecine. «À 8 heures le matin suivant, je me suis rendu au Bureau du doyen et j’ai demandé à le voir. Je n’avais pas de rendez-vous et il était absent, alors j’ai demandé si je pouvais m’asseoir pour l’attendre. Sa secrétaire a accepté à contrecœur.»
À midi, un homme à l’allure distinguée a traversé le hall à côté du bureau de la secrétaire, entrant directement sans son bureau. Le doyen Fraser Mustard revenait d’une réunion à Toronto avec ses homologues pour discuter comment ils pourraient accommoder dans une certaine mesure la récente arrivée d’étudiants ougandais dans les facultés de médecine de l’Ontario.
«Heureusement, j’étais son premier étudiant en médecine ougandais.»
Le jeune exilé a été accepté à la McMaster, mais il a d’abord été confronté à un long et froid hiver canadien. Kanani avait entendu parler d’une maison d’accueil pour les Ougandais qui distribuait de bons vêtements usagés aux réfugiés. Lorsqu’il s’y est présenté, un bénévole l’a équipé d’un chaud manteau, puis lui a demandé de signer le livre des invités. Là, sur la même page, se trouvaient le nom et le numéro de téléphone d’Amita Nathwani, une de ses anciennes camarades d’école en Ouganda. Cette année, ils célèbrent leur 40e anniversaire de mariage.
Aujourd’hui, Dr Kanani s’efforce de «boucler la boucle» et de repayer une partie de l’aide et du soutien qu’il a reçus durant ses premières années au Canada. En 2005, il a fait le don d’un refuge à AIM for SEVA, un organisme de bienfaisance canadien qui s’occupe des plus pauvres d’entre les pauvres en Inde. L’argent amassé sert à nourrir, habiller et payer les frais de scolarité de la 7e à la 12e année d’enfants venant de familles rurales défavorisées. «En terminant leurs études, ces enfants peuvent aider leur famille à se sortir du cycle de la pauvreté, explique Dr Kanani. Nous sommes ce que nous sommes par ce que nous recevons.»
“Nous sommes ce que nous sommes par ce que nous recevons”
Notes
LE PROJET DE LA PAGE COUVERTURE Le Médecin de famille canadien a entrepis un projet visant à tracer le portrait de la médecine familiale au Canada. La page couverture de la revue met en vedette un médecin de famille choisi au hasard dans notre liste de membres. Un court texte donne un bref aperçu de la personne et de sa pratique. Avec le temps, cette sélection aléatoire deviendra représentative, car les différences, rassemblées, feront ressortir ce que tous les médecins de famille ont en commun.
Footnotes
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Dr Kanani est médecin de famille à Toronto, en Ontario; il fait partie du personnel du Trillium Health Partners et est médecin traitant au McCall Centre for Complex Continuing Care.
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