Février est pour moi le mois consacré aux relations; nous célébrons les personnes que nous aimons le jour de la Saint-Valentin et, pour beaucoup d’entre nous, c’est le temps de rendre hommage à nos relations familiales le Jour de la famille. Ce moment me porte à réfléchir aux relations que j’entretiens avec mes patients et à l’importance qu’ils revêtent dans notre travail conjoint pour améliorer leur santé et leur bien-être.
Comme dans nos relations personnelles, la relation que nous avons avec chacun de nos patients se resserre avec le temps et exige des efforts. Nous devons comprendre clairement qui nous sommes en tant que personnes et professionnels, et ce que nous apportons à chaque relation, et relier cette information avec ce que nous apprenons de nos patients et à leur propos avec le temps.
Ces réflexions me ramènent aux quatre principes de la médecine familiale: la relation médecin-patient constitue l’essence du rôle du médecin de famille1.
En tant que médecins de famille, nous comprenons et nous apprécions la condition humaine et, en particulier, la nature de la souffrance et la réaction d’un patient à la maladie. Cependant, cette relation va plus loin; la relation médecin-patient a les qualités d’un pacte—une promesse par les médecins d’être fidèles à leur engagement envers le bien-être des patients, que ces derniers soient en mesure ou non de tenir leurs engagements.
Quand je pense à ma pratique et aux relations que j’ai entretenues avec mes patients, l’une d’entre elles se démarque en particulier. La patiente était séropositive au VIH et je l’ai rencontrée pour la première fois alors qu’elle attendait son deuxième enfant. Elle avait à peu près mon âge et avait grandi dans la même ville, mais elle avait vécu une vie en équilibre précaire entre la pauvreté et le système judiciaire. En plus d’être mère, elle était aussi artiste et écrivaine. Elle a poursuivi sa grossesse et a donné naissance à un petit garçon qui est maintenant adolescent. Malheureusement, sa maladie a progressé vers le sida et son état s’est lentement détérioré. Elle est décédée il y a quelques années à l’étage des soins palliatifs, entourée de sa famille.
Au fil des ans, elle m’a fait part de ses luttes et de ses espoirs pour elle-même et sa famille. Nous avons passé de nombreuses heures à parler de ce que signifiait la vie avec une maladie si stigmatisée dans sa communauté, et de ce que cette réalité signifiait pour elle et sa famille. Nous avons aussi parlé de ce qu’elle voulait que ses enfants apprennent de sa vie et de ses espoirs pour leur avenir. Ses enfants ont maintenant quitté la maison, mais j’ai eu des nouvelles de sa fille il y a quelques temps; sa mère serait si fière de voir la jeune femme talentueuse que sa fille est devenue et j’aurais tant aimé pouvoir partager cette fierté avec elle.
Durant nos nombreuses rencontres, j’ignore si j’ai été capable de lui offrir plus qu’une personne avec qui elle pouvait partager ses difficultés et ses réflexions sans subir de jugement. J’espère que, d’une certaine façon, son cheminement a été rendu plus facile et que nos conversations l’ont aidée à prendre des décisions à propos de sa santé lorsque nous discutions des traitements et des nombreux médicaments qu’elle a pris au fil des ans pour se soutenir. Ses propos ont enrichi ma compréhension de la condition humaine et m’ont appris beaucoup à propos du genre de parent que je souhaite être.
Plus nous comprenons nos patients en tant que personnes à part entière, plus nous sommes en mesure de bien les servir. Comme l’a dit l’Aîné Point de la Nation des Musqueam durant ses prières traditionnelles et son allocution lors de l’inauguration du Forum en médecine familiale, en novembre dernier, notre rôle est d’élever le cœur et l’esprit de nos patients. C’est notre rôle de les soutenir dans leurs décisions concernant leur santé. C’est grâce aux relations continues comme celle que je viens de décrire que nous sommes capables de miser sur le pouvoir de guérison de ces interactions et d’aider nos patients à prendre les meilleures décisions possible pour eux-mêmes et leur famille.
Footnotes
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This article is also in English on page 191.
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Référence
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