Le spasme du sanglot est un phénomène bien décrit1 qui se produit surtout chez les enfants de six à 18 mois. Certains rapports font valoir que ces épisodes peuvent même survenir plus tard, jusqu’à quatre ans. Presque 5 % de la population pédiatrique pourrait avoir de tels épisodes2.
Les crises de spasme du sanglot sont extrêmement effrayantes pour les parents. On décrit ces crises comme suit : le bébé pleure pendant environ une minute et, tout en pleurant excessivement, il retient son souffle au point de pouvoir en perdre conscience. Rarement, on peut observer des convulsions immédiatement après la perte de conscience de l’enfant; peu après, le bébé reprend habituellement conscience et respire normalement. Les spasmes du sanglot ne causent pas de dommages et ne posent pas de risque à long terme pour le bébé3.
De nombreux épisodes de spasme du sanglot sont associés à un incident déclencheur, lorsque l’enfant est irrité, se fait discipliner ou est en colère, par exemple, lorsqu’il se fait rincer les cheveux dans le bain, s’il insiste pour garder un jouet ou s’il subit une blessure mineure.
Quoique plusieurs le considèrent comme un comportement visant à « attirer l’attention », ces spasmes ne sont pas intentionnels; ils sont attribuables à un réflexe involontaire et l’enfant n’a pas la capacité de les contrôler. Dans une récente étude en Turquie, des enfants qui avaient des spasmes du sanglot et les enfants d’un groupe témoin qui leur étaient jumelés ont fait l’objet d’un test des potentiels évoqués auditifs de tronc cérébral, et les intervalles de latence étaient considérablement plus longs dans le groupe qui avait des spasmes de sanglot par rapport au groupe témoin (p = ,009 et p = ,03 respectivement pour les intervalles de latence de type III–V et de type I–V). Cette constatation pourrait signifier qu’un retard dans la maturation du tronc cérébral pourrait être la cause des spasmes du sanglot chez les enfants4.
On connaît deux types de spasmes du sanglot. Le plus courant (85 %) est un spasme cyanotique, qui se produit quand on observe une cyanose faciale après que l’enfant eut arrêté de respirer. Un spasme du sanglot pâle est associé à une peur soudaine éprouvée par l’enfant et ce dernier devient extrêmement livide durant le spasme.
Prise en charge
Le spasme du sanglot est terrifiant pour les parents et ceux qui l’observent pour la première fois. Les parents d’enfants dont les épisodes sont récurrents anticiperont les crises futures et seront capables de réagir calmement. Si on souffle fort sur le visage de l’enfant, l’épisode se résorbe habituellement plus tôt, mais ce n’est pas le cas chez tous les enfants.
Lorsqu’un enfant qui a un spasme du sanglot arrive à la clinique ou à l’hôpital, il peut être difficile de faire une distinction entre l’épisode et des convulsions ou un incident apparemment dangereux pour la vie. La description clinique par la famille est importante : les antécédents familiaux détaillés (d’épisodes semblables), une description exacte du spasme et le récit de pleurs initiaux sans phase postictale de léthargie sont tous des facteurs qui aident le médecin à poser le diagnostic.
Il importe de rassurer les parents et d’expliquer le problème et son diagnostic différentiel. Certains experts recommandent un électrocardiogramme pour un premier épisode de spasme du sanglot pour écarter la possibilité d’un syndrome du QT long, parce que ce dernier est associé à un incident apparemment dangereux pour la vie et au syndrome de la mort subite du nourrisson6.
Spasme du sanglot et anémie
Certaines études, réalisées surtout en Turquie, font valoir une association entre les spasmes du sanglot et l’anémie chez les jeunes enfants. Chez 91 enfants âgés de six à 40 mois, suivis prospectivement pendant deux ans en moyenne, 63 (69 %) avaient une anémie ferriprive7. Environ la moitié (47,9 %) d’un autre groupe de 165 enfants en Turquie ayant des spasmes du sanglot avait aussi une anémie ferriprive8 et une récente étude turque de plus grande ampleur confirme ces constatations5.
Deux études ont établi les bienfaits d’un traitement avec des suppléments de fer. Dans un groupe qui prenait du fer (6 mg/kg par jour), on a enregistré une réduction considérable des spasmes cyanotiques par rapport au groupe sans traitement (84 % c. 21 %)7. Dans la deuxième étude, les taux moyens d’hémoglobine et la capacité de fixation du fer total étaient des facteurs prédicteurs d’une réduction substantielle dans la fréquence des spasmes (88 % c. 6 %) chez les enfants traités par rapport à ceux sans traitement, respectivement9.
En raison de la fréquence élevée de l’anémie chez les enfants qui ont des spasmes du sanglot, il est recommandé de faire un dépistage de l’anémie ou de les traiter empiriquement pour une anémie ferriprive.
Demandes de consultation spécialisée
Il est pratique courante de demander une consultation en cardiologie pour les enfants qui ont des spasmes du sanglot (en raison de l’épisode cyanotique) ou en neurologie (à cause de la similitude avec des convulsions); toutefois, parce qu’aucune anomalie cardiaque ou neurologique n’a été trouvée chez ce groupe de patients, la plupart de ces consultations ne se traduisent pas par d’autres investigations ou une prise en charge additionnelle8.
Notes
PRETx
Cette Mise à jour sur la santé des enfants est produite par le programme de recherche en thérapeutique d’urgence pédiatrique (PRETx à www.pretx.org) du BC Children’s Hospital à Vancouver, en Colombie-Britannique. Dr Goldman est directeur du programme PRETx. Le programme PRETx a pour mission de favoriser la santé des enfants en effectuant de la recherche fondée sur les données probantes en thérapeutique dans le domaine de la médecine d’urgence pédiatrique.
Avez-vous des questions sur les effets des médicaments, des produits chimiques, du rayonnement ou des infections chez les enfants? Nous vous invitons à les poser au programme PRETx par télécopieur au 604 875-2414; nous y répondrons dans de futures Mises à jour sur la santé des enfants. Les Mises à jour sur la santé des enfants publiées sont accessibles dans le site web du Médecin de famille canadien (www.cfp.ca).
Footnotes
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Cet article donne droit à des crédits Mainpro-M1. Pour obtenir des crédits, allez à www.cfp.ca et cliquez sur le lien vers Mainpro.
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the February 2015 issue on page 149.
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