Continued from inside half-cover (IHC)
Suite de la demi-page intérieure de la couverture
L’hôpital sur l’édredon: des animaux en peluche et des poupées placés en rangées. Une petite fille et sa mère les examinent, décident qui est le plus malade. La petite fille est le médecin, sa mère l’infirmière. Elles travaillent ensemble, administrent le médicament nécessaire pour guérir chacun des malades. La petite fille est fascinée à l’idée de guérir: qu’une pilule soit avalée par la personne et corrige ce qui va mal. Tous les petits animaux peuvent sortir allégrement de l’hôpital et toutes les poupées sont à nouveau pimpantes. Personne ne meurt.
La mère était née en Pologne durant la Deuxième Guerre mondiale. Son père appartenait au mouvement de la Résistance polonaise. On l’a découvert et on l’a envoyé à Mauthausen, où il est mort. La famille a été informée par lettre que la cause du décès était le choléra. La mère n’a jamais vu son propre père; sa propre mère s’est remariée avec un monstre et le malheur d’être née en Europe de l’Est sous régime communiste a été rendu encore plus pénible par la possibilité parallèle contraignante d’un enfer domestique. La grand‐mère a quitté le monstre, qui réapparaissait périodiquement comme les monstres ont tendance à le faire. La mère a grandi, est devenue une très belle architecte et est tombé follement amoureuse d’un architecte hollandais en voyage par affaires gouvernementales à Varsovie. Le Hollandais a conspiré pour trouver un emploi à la mère à Paris, où l’amour fleurit, et au Canada, dans l’un de ces endroits jamais bombardés mais pourtant pas dépourvus de camps. Un pays du bout du monde et de bonheur jusqu’à la fin des temps.
La mère fumait. Deux ou trois paquets par jour. La petite fille se demandait pourquoi; des cendriers parsemaient la maison. L’infirmière fumait durant les tournées dans la chambre de la petite fille; l’infirmière fumait, de fait, sur toutes les photos que la petite fille ait pu avoir ou voir de sa mère. Il y avait des cendriers partout dans la maison et souvent, de nombreuses cigarettes s’y trouvaient, parfois plus, parfois moins consumées. Ce n’était pas seulement fumer à la chaîne, c’était fumer en séries. La petite fille est devenue médecin et la mère est tombée malade, quoique sa maladie ait eu son propre genre de magie monstrueuse; on ne lui a pas trouvé de nom pendant un bon moment, alors, bien sûr, il ne pouvait pas y avoir de traitement. Un jour, le cœur de la mère a été assiégé par le sang, un prélèvement a été fait de sa péricardite et les résultats de la cytologie ont révélé un adénocarcinome d’origine inconnue. Pardon pour deux: il y a longtemps, la petite fille avait supplié sa mère d’arrêter de fumer. La mère a reçu ses médicaments et a vécu sans la certitude que fumer était la raison qui la ferait mourir. Elle est décédée sans savoir que c’était en fait un cancer du poumon qui était son monstre. À ses funérailles, toutes les photos que la petite fille avait de sa mère étaient exposées. Dans chacune, les inévitables cigarettes avaient été enlevées par Photoshop: le secret de la guérison.
Footnotes
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Dr Hulsbosch is a family physician based in Winnipeg, Man, practising Northern and Addiction Medicine.
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Dre Hulsbosch est médecin de famille basée à Winnipeg, au Manitoba, et pratique la médecine nordique et de la toxicomanie.
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