Question clinique
Est-ce que la supplémentation orale d’oméga-3 soulage les symptômes de sécheresse oculaire?
Ce qu’il faut savoir
Les données probantes en matière d’oméga-3 varient. L’étude randomisée contrôlée de la meilleure qualité a révélé que la supplémentation en oméga-3 ne soulage pas les symptômes de sécheresse oculaire ni la fonction oculaire. Des études randomisées contrôlées de moindre envergure ont laissé croire à des bienfaits statistiquement significatifs sur les scores des symptômes qui ne sont pas toujours pertinents sur le plan clinique. Au mieux, les oméga-3 soulagent les symptômes d’environ 3,9 points de plus que le placebo sur une échelle des symptômes en 18 points.
Données probantes
Onze études randomisées contrôlées portant sur les oméga-3 (avec acide eicosapentanoïque [EPA] et acide docosahexaénoïque [DHA]) ont rapporté des résultats pour les patients.
L’étude randomisée contrôlée de la meilleure qualité portait sur 535 patients (âge moyen de 58 ans) manifestant des symptômes modérés de sécheresse oculaire dont certains prenaient des oméga-3 (2000 mg d’EPA et 1000 mg de DHA par jour) et d’autres, un placebo. À 1 an, on n’a observé aucune différence des scores des symptômes, de la fonction, des mesures objectives ou des effets indésirables1.
Une étude randomisée contrôlée portait sur 105 patients (âge moyen : 57 ans) atteints d’un dysfonctionnement modéré des glandes de Meibomius dont certains prenaient des oméga-3 (1680 mg d’EPA et 560 mg de DHA par jour) et d’autres, un placebo. À 3 mois, on a observé une amélioration statistiquement significative à l’indice de maladie de la surface oculaire en 100 points2:
-On a observé une réduction approximative de 17 points sous les oméga-3 contre environ 5 sous le placebo. La différence était probablement pertinente sur le plan clinique (différence cliniquement importante minimale de 7 à 10), mais le score initial était plus élevé dans le groupe d’intervention3.
-Une des limites de cette étude réside dans le fait qu’elle était financée par l’industrie.
Dans 4 études randomisées contrôlées menées auprès de 256 à 518 patients qui prenaient des oméga-3 à des doses de 325 à 720 mg d’EPA et de 175 à 480 mg de DHA, les résultats ont été examinés à 1,5 et à 6 mois4–7 :
-On a observé une amélioration statistiquement significative de 2,0 à 4,6 points contre 0,2 à 0,7 point sous le placebo sur une échelle des symptômes en 18 points; cela pourrait être pertinent sur le plan clinique.
-Ces articles ont été rédigés par le même auteur principal et sont basés sur une échelle non standard créée par les auteurs pour évaluer les symptômes, mais pas la fonction.
Des études randomisées contrôlées de moindre envergure rapportent des améliorations sous les oméga-3 qui sont significatives sur le plan statistique, mais pas sur le plan clinique8,9.
Contexte
Pour la prise en charge de la sécheresse oculaire, les lignes directrices proposent d’utiliser des larmes artificielles lubrifiantes (environ 11 $ pour un approvisionnement de 30 jours, selon l’usage), des compresses d’eau chaude et des modifications de l’environnement, comme l’augmentation du taux d’humidité. Les oméga-3 ont été proposés, sans parler de la posologie10.
Le prix de la supplémentation en oméga-3 est d’environ 60 $ pour un approvisionnement de 90 jours (en fonction d’une dose quotidienne de 1800 mg d’EPA et 900 mg de DHA).
Mise en pratique
La prévalence des diagnostics de sécheresse oculaire est d’environ 7 % aux États-Unis et elle pourrait atteindre 19 % chez les personnes de plus de 75 ans11. La cause de la sécheresse oculaire est souvent multifactorielle; ainsi, les questionnaires tels que l’indice de maladie de la surface oculaire peuvent aider les cliniciens à déterminer quels sont les déclencheurs et la sévérité des symptômes10. Une revue systématique de 43 études randomisées contrôlées (3496 patients atteints de sécheresse oculaire) a conclu que les larmes artificielles en vente libre sont sûres et que toutes les options ont une efficacité semblable (données probantes de faible qualité)12.
Notes
Les articles d’Outils pour la pratique dans Le Médecin de famille canadien (MFC) sont une adaptation d’articles publiés dans le site web du Collège des médecins de famille de l’Alberta (CMFA) qui résument les données médicales probantes en insistant sur des questions particulières et des renseignements susceptibles de modifier la pratique. Les résumés du CMFA et la série dans le MFC sont coordonnés par le Dr G. Michael Allan, et les résumés sont rédigés conjointement par au moins 1 médecin de famille en pratique active et ils font l’objet d’une révision par des pairs. Vous êtes invités à faire part de vos commentaires à toolsforpractice{at}cfpc.ca. Les articles archivés sont accessibles sur le site web du CMFA: www.acfp.ca.
Footnotes
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
Les opinions exprimées dans Outils de la pratique sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue et les politiques du Collège des médecins de famille de l’Alberta.
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the November 2018 issue on page 826.
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Références
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