Dr Marlow fait ressortir les multiples mesures de protection que le Collège des médecins de famille du Canada a mises au point pour éliminer les influences dans les programmes qu’il agrée. Lui et le Collège ont raison d’être fiers de leur travail. Ils ont établi une série impressionnante de normes qui concordent avec nos recommandations à court terme, y compris un examen minutieux des fournisseurs de formation médicale continue (FMC) qui demandent à être agréés et un examen continu des nouveaux programmes.
Nous ne sommes toutefois pas d’accord avec Dr Marlow lorsqu’il affirme que ces mesures de protection garantissent que les programmes sont «sans contredit équilibrés, dépourvus de parti pris et ne sont pas utilisés par les entreprises pharmaceutiques pour promouvoir leurs produits». De nombreuses formes subtiles mais convaincantes d’influence et de commercialisation peuvent échapper même aux règlements les plus rigoureux et aux examinateurs les plus vigilants. Par exemple, un fournisseur de FMC peut choisir des conférenciers qui ont tendance à avoir des opinions plus favorables à l’égard d’un produit d’une société ou à accorder un rôle plus important à une catégorie de médicaments pour lesquels une société détient une part majoritaire du marché. À moins que les opinions du conférencier ne s’éloignent fortement du courant dominant, il peut s’avérer très difficile d’évaluer si l’influence consciente ou inconsciente de l’industrie a fait en sorte qu’un tel conférencier soit choisi plutôt que d’autres candidats aussi qualifiés mais plus sceptiques.
Il n’est pas question de «mauvais» médecins ou fournisseurs de FMC qui essaieraient manifestement de favoriser leurs commanditaires de l’industrie. Il s’agit plutôt de la portée omniprésente de l’industrie au sein de la formation médicale, de la recherche et de la pratique, qui favorise l’exercice d’une influence subtile mais cumulativement puissante sur la façon dont les médecins apprennent et pensent en matière de médicaments et d’instruments. L’industrie a recours aux plus brillants esprits en marketing. Elle dépense de nombreux milliards de dollars chaque année – y compris en financement de formation médicale – pour convaincre les médecins d’utiliser ses produits. Sachant cela, il serait malavisé de croire que même les règlements et les examinateurs les mieux intentionnés peuvent éliminer totalement l’influence et le parti pris commerciaux en FMC. C’est pour cette raison que nous recommandons des changements à long terme plus radicaux en ce qui concerne le financement de la FMC.
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