
Dans ce numéro, Le Médecin de famille canadien met l’accent sur un thème particulier: la pau-vreté et le développement humain. Ce mois-ci, nous partageons ce thème avec plus de 200 journaux de partout au monde.
En tant qu’astronautes, Dr Robert Thirsk et Dr Dave Williams, deux membres du Collège, ont eu l’occasion d’admirer notre planète de l’espace. Sans tous avoir cette chance, les médecins de famille canadiens ont néanmoins adopté une perspective planétaire et agissent en conséquence depuis de nombreuses années. Cette chronique, traitera des contributions de nos membres au développement dans le monde.
Mondialement et localement
Les médecins de famille canadiens font partie d’un effectif professionnel mondial; ils peuvent mettre leurs compétences à l’œuvre là où sévit la souffrance humaine. Au moins le quart des médecins du Canada sont des diplômés en médecine internationaux, à peu près comme au Royaume-Uni, en Australie et aux États-Unis. Les médecins qui ont étudié à l’étranger apportent au Canada certains points de vue ou aspects de la formation de leur pays d’origine.
Étudiante en médecine, j’ai voyagé et travaillé comme bénévole au Nigéria afin d’explorer où utiliser au mieux mes propres talents. J’ai connu ce que nous appelons maintenant les déterminants de la santé. Je me souviens avoir réalisé qu’un ingénieur sachant comment drainer un marais où se reproduisent des moustiques vecteurs de la malaria pouvait contribuer à la réduction de la maladie plus que moi, qui ne peux traiter qu’un seul patient à la fois.
Les causes fondamentales de mauvaise santé en Afrique m’ont rappelé les maladies dont sont affligées les Premières nations au Canada, en particulier dans les réserves. Nos peuples autochtones ont des taux indicateurs de maladie qui rivalisent tristement avec ceux du monde en développement. Pour moi, adopter une perspective mondiale, c’était travailler plus localement en tant que médecin de première ligne dans mon propre pays, dans les régions éloignées et rurales. Comme médecins de famille formés pour agir en généralistes souples, nous sommes en mesure d’adopter une approche holistique de la santé des collectivités et des personnes; notre gamme d’interventions inclut les domaines de la santé publique, de la prévention, de la guérison, de la rééducation et de la palliation.
Contributions des membres
Les compétences des médecins de famille canadiens sont utiles ici comme à l’étranger. J’aimerais vous parler de Dr George Burgess, un membre de notre Collège, âgé de 86 ans. Lui et son épouse Phyllis ont travaillé en Angola pendant 23 ans, jusqu’à ce que la guerre civile les force à revenir au Canada, en 1977. J’ai travaillé avec les Burgess à Baie Verte (T.N.), et je me rappelle que Dr Burgess a obtenu la Certification en médecine familiale comme praticien admissible alors qu’il était dans la soixantaine. Il a choisi de prendre sa retraite à 80 ans, ayant passé ses 3 dernières années de pratique à faire du dépannage dans des salles d’urgence de l’Ontario. Dr Burgess et son fils, Dr Ken Burgess, continuent d’essayer d’améliorer l’état de santé en Angola par l’entremise du projet Angola Rotary, espérant faciliter le dépistage du VIH dans ce pays.
Le Collège, nos sections et les départements des universités contribuent aussi au développement mondial par l’entremise de nombreuses collaborations institutionnelles bilatérales. Par exemple, après le conflit en Bosnie, en 1995, Dr Geoff Hodgetts a démarré un programme pour y implanter la médecine familiale. Financé par l’ACDI et maintenant par la Banque mondiale, ce programme a mis sur pied 20centres d’enseignement en médecine familiale, formant 2 380 médecins et infirmières. De plus, on a élaboré un examen de certification en médecine familiale (en mai 2007, il y avait déjà eu 13 cycles d’examen), et ce travail a permis de certifier 350 spécialistes en médecine familiale. Le Collège a créé le Comité de santé internationale afin d’appuyer cette contribution et d’autres contributions du Canada.
Le monde a besoin de médecins de famille
Cet été, à Singapour, l’Organisation mondiale des médecins de famille a fait plusieurs déclarations sur l’importance de la médecine familiale, affirmant que chaque faculté de médecine dans le monde devrait comprendre un département de médecine familiale ou de pratique générale, ou une concentration universitaire équivalente. Elle a aussi déclaré que chaque étudiant en médecine dans le monde devrait faire l’expérience de la médecine familiale ou de la médecine générale aussi tôt et aussi souvent que possible en cours de formation. Plus important encore, l’Organisation a demandé que chaque famille dans le monde puisse avoir un médecin de famille. En tant que médecins de famille canadiens, nous travaillons fort pour faire de ce but une réalité, à la fois ici au Canada, et dans le reste du monde.
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