Ce mois-ci, Jacobs et coll. ( page 270) abordent la question des erreurs médicales et des évènements indésirables liés à la prestation de soins. Ce phénomène est inquiétant puisqu’on n’estime qu’une personne sur 13 en est victime et que 7.5% des patients hospitalisés dans des hôpitaux de courte durée subissent de tels préjudices.
Évidemment, tous les problèmes de soins n’ont pas la même gravité. Certains sont plutôt des incidents de soins mais d’autres événements sont plus sérieux comme lorsqu’un patient reçoit un médicament auquel il est très allergique. Enfin d’autres constituent de véritables catastrophes aux conséquences irrémédiables: l’amputation d’un organe sain ou l’oubli d’instruments chirurgicaux ou de compresses opératoires. Au Canada, on estime que 10 000 à 20 000 personnes meurent chaque année des complications reliées à la prestation de soins dans des hôpitaux de courte durée.
Personne n’aime entendre ces chiffres, surtout pas les médecins puisqu’on les tient souvent responsables lorsque les choses vont mal. Certains réagissent en évitant les situations à risque ou en référant leurs patients. Par exemple, plutôt que de procéder à une infiltration intra-articulaire d’un patient souffrant de gonarthrose, ils préfèrent l’envoyer au spécialiste. Évidemment, pour le patient, les conséquences sont toutes aussi grandes mais elles passent inaperçues. Le patient endurera son mal sans que personne n’en soit blâmé. On blâmera plutôt le système. La solution aux problèmes de soins n’est certainement pas dans la fuite. Surtout lorsqu’on réalise que la plupart des problèmes de soins sont de nature multifactorielle et nécessitent des changements organisationnels.
Toutefois, lorsqu’un médecin est impliqué dans un incident de soins, particulièrement si les conséquences sont graves, la meilleure attitude est certainement d’en informer directement le patient et à sa famille. Rien de pire pour un malade que d’apprendre par la bouche d’un autre qu’il a été victime d’un incident de soins. Les faits risquent alors d’être grossièrement déformés. Le médecin devrait fournir l’information au patient peu importe la cause ayant menée à l’événement, en présentant les faits, la nature et les circonstances du problème et en exprimant ses regrets et en manifestant de l’empathie.
Car même si nous savons mieux que quiconque, que «primum non noncere», et malgré toutes les améliorations que nous apporterons à la qualité des soins médicaux, l’erreur demeurera toujours humaine. Et dans ce cas, comme le dit l’adage: “Faute avouée, à moitié pardonnée.”
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