Je vais aborder les 4 principaux points soulevés par Tom Bailey: la médecine familiale est reconnue depuis long-temps comme une spécialité dans de nombreux pays; la médecine familiale a un ensemble défini de savoir; le généralisme n’est pas exclusif à la médecine familiale; la reconnaissance de la médecine familiale comme une spécialité rehaussera l’image de notre discipline au Canada.
Ailleurs, la reconnaissance de la médecine familiale ne s’est pas traduite par des résultats impressionnants. Depuis qu’elle est désignée comme une spécialité générale aux États-Unis, la proportion de résidents en médecine familiale a diminué. Au Royaume-Uni, le revenu des omnipraticiens est comparable à celui des consultants basés dans les hôpitaux et le gouvernement reconnaît l’importance des omnipraticiens; la force constante de la pratique générale au Royaume-Uni est davantage attribuable à ces 2 facteurs qu’au fait d’être reconnue à titre de spécialité.
Je suis d’accord pour dire que la médecine familiale a un ensemble défini de savoir.
Le fait d’affirmer que le généralisme n’est pas exclusif à la médecine familiale doit être présenté avec prudence. Je conviens que le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada devrait ajuster l’équilibre de ses surspécialités par des programmes plus forts dans ses spécialités générales. Par contre, aucun de ces praticiens n’ouvrira sa pratique à tous les problèmes, à tous les âges, aux deux sexes. Seule la médecine familiale offre un tel accès illimité, d’où sa revendication légitime d’être une médecine générale complète.
La désignation de la médecine familiale en tant que spécialité sans régler les causes profondes de sa mauvaise image ne fera pas de différence. Les causes réelles sont: la rémunération non concurrentielle (problème qui ne sera réglé que lorsque nos organisations provinciales respecteront leurs engagements envers nous dans la négociation des échelles de rémunération); le fait que nos collègues, résidents, étudiants, administrateurs de la santé et même certains des nôtres acceptent le rabaissement de la pratique familiale sans broncher; et le cloisonnement des ministères provinciaux (surtout ceux responsables de la santé et de l’éducation postsecondaire) qui ne collaborent pas et ne soutiennent pas suffisamment l’important travail universitaire en enseignement et en recherche qui est essentiel à une pratique de grande qualité.
Le débat porte effectivement sur le généralisme et la spécialisation, et concerne le fait de sacrifier l’essentielle fonction de généraliste. Parce que le public reconnaît notre valeur et parce que la recherche démontre que les pays jouissant de bons services de première ligne ont des meilleurs résultats en matière de santé1, nous devons fonctionner comme des généralistes centraux dans la planification stratégique du système médical et nous devons transiger plus directement avec les causes véritables de nos piètres résultats dans les sondages auprès de divers intervenants qui, bien évidemment, n’incluent pas le grand public canadien.
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