
Le 1er février 2007, le Conseil canadien de la santé présentait son 3e rapport annuel, Renouvellement des soins de santé au Canada: À la hauteur? (accessible à:s). Créé en 2003 en vertu de l’Accord des premiers ministres sur le renouvellement des soins de santé, le Conseil a pour mandat de surveiller les progrès dans cet exercice et d’en faire rapport au peuple canadien. À la suite de l’injection par le gouvernement fédéral en 2003 et 2004 de près de 80 milliards $ additionnels pour répondre à certaines priorités du système de santé, des questions se posent maintenant. Où est allé l’argent? Le système est-il plus réceptif et dessert-il mieux une population en meilleure santé?
Le Conseil s’est efforcé de présenter un rapport crédible, mais n’a pas réussi. Cet échec est attribuable à l’absence des données nécessaires pour produire un rapport significatif. Plusieurs secteurs surveillés n’avaient pas de systèmes d’information adéquats ou n’en avaient pas du tout, comme c’est le cas dans beaucoup de milieux de soins de première ligne. Les diverses compétences ne s’entendaient pas non plus sur les indicateurs à utiliser, un problème exacerbé par le refus des provinces et des territoires à rendre leurs résultats publics et à les comparer.
Par conséquent, nous ne pouvons pas être sûrs des moments et des lieux où des progrès se réalisent, comme c’est certainement le cas dans certains domaines, ou encore si la situation s’aggrave pour certaines populations de patients et leurs soignants.
Les ententes fédérales-provinciales-territoriales signées par les premiers ministres d’alors étaient bien entendu des précurseurs de la situation insatisfaisante actuelle. Comme toujours, les provinces ont exigé et accepté avec enthousiasme l’argent du gouvernement fédéral pour mieux assurer la prestation des services de santé dans leurs compétences respectives. Comme toujours, les dirigeants provinciaux et territoriaux ont refusé toute modalité conditionnelle au versement de ces sommes.
C’est ainsi que les Canadiens sont laissés avec la tâche presque impossible de trouver où l’argent a été dépensé et de comparer la situation dans leur région avec celle de leurs autres concitoyens avec qui ils partagent ce pays.
Toutes ces questions concernent les objectifs en santé définis pour notre nation et font partie des responsabilités de surveillance et de production de rapports du Conseil canadien de la santé. Pour lui rendre son dû, le rapport du Conseil offrait les meilleurs renseignements qu’il pouvait présenter, compte tenu du manque de responsabilisation des gouvernements. Le rapport annuel exprimait la désillusion concernant le manque d’engagement gouvernemental à l’endroit de cette initiative. Dans son communiqué de presse, le Conseil mentionnait avec consternation que le comité fédéral-provincial-territorial créé pour assurer l’imputabilité des gouvernements avait été dissout.
Si les gouvernements de toutes les compétences canadiennes n’adoptent pas des indicateurs communs, ne présentent pas de rapport public chaque année et n’assurent pas que tous les milieux de la santé sont dotés des systèmes électroniques sur la santé pour produire de meilleures données, la raison d’être d’un conseil de la santé, tel que recommandé par les rapports Romanow et Kirby, est inexistante.
Les Canadiens méritent mieux. Nous ne savons pas si les milliards de dollars alloués aux objectifs spécifiques en soins de santé sont dépensés à ces fins ou si nous gaspillons plus d’argent encore à un processus qui avait pour but de nous renseigner sur ce qui se passe. Si les gouvernements n’ont pas le courage d’être francs, honnêtes et responsables, il est temps de remettre en question l’utilité d’avoir un Conseil canadien de la santé.
Questions importantes sur le renouvellement des soins de santé au Canada
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L’argent transféré par le gouvernement fédéral a-t-il véritablement été dépensé là où c’était prévu?
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Améliorons-nous l’accès aux soins et réduisons-nous les temps d’attente dans un large éventail de services nécessaires, sans sacrifier, ce faisant, les soins dans les secteurs non visés?
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Les initiatives de renouvellement des soins de première ligne ont-elles renforcé les premières lignes, essentielles mais mal soutenues, de notre système de santé?
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Formons-nous et recrutons-nous assez de médecins et d’infirmières pour renflouer les horribles pénuries créées par la mauvaise gestion de gouvernements antérieurs?
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Avons-nous fait des progrès dans l’identification et le traitement des problèmes de santé qui affligent nos populations autochtones?
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Les médicaments, en particulier pour les maladies catastrophiques, sont-ils plus facilement accessibles et plus abordables pour tous les Canadiens?
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Avons-nous accéléré l’instauration des dossiers médicaux électroniques centrés sur le patient et des réseaux en ligne pour connecter tous les milieux de la santé au Canada, pas seulement dans les grands établissements, mais aussi dans les pratiques communautaires, surtout dans les soins de première ligne où sont dispensés plus de 90% des services?
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