L es Drs Khan et McAlister concluent que «même si les bêtabloquants ne devraient pas être utilisés comme monothérapie de première intention chez les patients âgés souffrant d’hypertension, ils demeurent un traitement de première intention raisonnable chez les patients de moins de 60 ans atteints d’hypertension sans complication». L’espace ne permet malheureusement pas de discuter en profondeur de chaque point soulevé dans leur article, mais leurs conclusions semblent se fonder principalement sur leur méta-analyse récemment publiée1. Que démontrait-elle?
Dans les études comparant les bêtabloquants avec un placebo, par une infime marge (risque relatif [RR] 0,86; intervalle de confiance [IC] à 95% 0,74–0,99), un moins grand nombre de patients de moins de 60 ans recevant des bêtabloquants ont développé des critères de référence prédéterminés (issue cardiovasculaire composée de décès, infarctus du myocarde non fatal ou AVC non fatal). Il est intéressant de signaler que le RR était très semblable chez les patients de plus de 60 ans, mais les résultats n’ont pas atteint le seuil statistiquement significatif (RR 0,89; IC à 95% 0,75–1,05). Avant tout, l’IC à 95% dans ces groupes se chevauche presque entièrement, donc ces données ne peuvent pas servir à conclure que les 2 groupes d’âge réagissent différemment aux bêtabloquants.
Le second ensemble de constatations (bêtabloquants par rapport à d’autres médicaments) laisse entendre que les patients de plus de 60 ans qui recevaient des bêtabloquants développaient un plus grand nombre des critères d’évaluation, les résultats atteignant à peine, et encore une fois, le seuil de signification statistique (RR 1,06; IC à 95% 1,01–1,10). Fait à remarquer, les auteurs, n’ayant pas accès aux données individuelles pour chaque patient, ont utilisé l’âge moyen pour décider des études à inclure dans chaque groupe. Deux des études incluses dans le groupe des 60 ans et plus (représentant 38% des patients) étaient les études NORDIL et ASCOT-BPLA. L’âge moyen dans ces études se situait respectivement à 60,4 et 63 ans. Autrement dit, un important pourcentage des sujets attribués à ce groupe avaient moins de 60 ans (on ne peut pas déterminer le nombre réel parce que les données individuelles ne sont pas accessibles). À lui seul, ce problème est suffisant pour remettre en question leurs résultats.
À mon avis, les données en faveur des bêtablo-quants sont trop faibles par rapport aux données préconisant d’autres agents, en particulier les thiazidiques, qui sont, selon moi, les véritables agents de première intention—oui, même chez les personnes atteintes de diabète de type 22,3. Or, dans la hiérarchie des données scientifiques, l’opinion «d’experts» arrive au bas de l’échelle. J’encourage donc les lecteurs à examiner les données et à tirer leurs propres conclusions «d’experts».
- Copyright© the College of Family Physicians of Canada