En accomplissant son devoir
—Inscription sur la tombe d’un soldat tué durant la Deuxième Guerre mondiale (Cimetière Mount Pleasant, Toronto, Ontario)
Le devoir - un mot bien démodé de nos jours. Nous entendons bien plus parler aujourd’hui des droits que des devoirs. Le mot devoir a une connotation déplaisante et exigeante, comme si on nous demandait de faire quelque chose que personne d’autre ne veut faire. En pratique médicale, nous entendons souvent parler de devoir lorsque nous avons commis une erreur. Nous le lisons dans les jugements écrits, lorsqu’un médecin a été accusé de faute professionnelle. Le mot devoir est souvent associé à échec.
Le devoir n’a pas toujours eu si mauvaise réputation. À une époque, le mot symbolisait ce qui était bon dans la société. Si chacun de nous faisions notre devoir, la société serait paisible et prospère. Quand la bataille de Trafalgar était sur le point de commencer, en 1895, Nelson a envoyé un signal de son navire à la flotte britannique. «L’Angleterre s’attend à ce que chaque homme fasse son devoir.» Et tous l’ont fait.
Dans le présent numéro, nous examinons le devoir dans le contexte des soins aux patients atteints d’obésité. Caulfield ( page 1133) maintient que la loi impose des devoirs dans les soins aux patients par les médecins. Au nombre de ces devoirs figurent une norme raisonnable de qualité des soins, des renseignements adéquats pour obtenir un consentement éclairé et des obligations fiduciaires découlant de la relation de confiance entre le médecin et le patient. Caulfield précise que la compréhension de ces devoirs fait partie de la stratégie de gestion du risque pour les médecins de famille - réduire le risque d’être impliqués dans une poursuite pour faute professionnelle. Une fois de plus, une connotation négative associée au devoir.
Y a-t-il un côté positif au devoir en 2007? Dans notre dernier numéro (juin 2007), nous avons parlé des devoirs entourant le décès: la responsabilité des médecins de famille de participer aux tâches administratives imposées par le décès de leurs patients. Mais avec cette responsabilité s’offre une magnifique possibilité - la chance d’être auprès des membres de la famille de nos patients dans des moments difficiles de leur vie. Soutenir, encourager, consoler.
Que dire des soins aux patients atteints d’obésité? Y a-t-il un côté positif aux devoirs dans cette situation? Caulfield prétend que oui. En comprenant les ramifications de nos responsabilités envers ces patients, nous pouvons offrir de meilleurs soins. Le principe du consentement éclairé signifie que nous devons dire à nos patients obèses qu’ils ont un problème de poids. Nous sommes tenus de les renseigner sur les conséquences de l’obésité ainsi que sur les risques et les avantages des traitements accessibles. Dans le cas de l’obésité, notre devoir nous donne la liberté d’être francs avec nos patients - ouvrant ainsi la poste à un échange possiblement significatif entre nous sur ce problème délicat.
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