
Les médecins de famille ont toujours eu la possibilité de se diriger dans des domaines qui les intéressaient plus particulièrement. D’autre part, les besoins de la communauté ont souvent dicté des modifications ou des élargissements de leur pratique. Lorsqu’il y avait un nombre suffisant de médecins de famille et d’autres spécialistes, il se maintenait un certain degré d’équilibre entre ces diverses possibilités. Le nombre de médecins de famille qui continuaient à offrir des soins complets et continus était suffisant pour desservir la majorité des communautés. Mais les temps ont changé.
Transformation de la portée des services
La pénurie de dispensateurs de soins de santé se fait de plus en plus marquée. Les modes de rémunération ont souvent découragé la prestation de soins complets dans un large continuum de milieux (cabinets, à domicile, centres d’accueil, hôpitaux, etc.). Bon nombre de médecins de famille et d’autres spécialistes en sont venus à préférer certaines heures de travail. Certains spécialistes consultants ont abandonné leurs rôles traditionnels de généralistes en faveur de rôles ultra-spécialisés. Le nombre des lacunes dans les soins s’est donc accru. Pour ces raisons et d’autres encore, la portée des services offerts par les médecins de famille s’est transformée considérable, laissant certaines collectivités dépourvues des services de santé de première ligne dont elles ont besoin.
Cette tendance pose tout un défi à la discipline de la médecine familiale, tout comme elle a remis en question la définition même du «médecin de famille». Elle est à l’origine de la création de groupes de médecins de famille dont les intérêts en pratique ne sont plus considérés comme faisant partie intégrante de ce que notre organisation considère être la médecine familiale. En raison du faible nombre de médecins se spécialisant dans une pratique bien précise, les médecins de famille cherchent souvent à établir entre eux des réseauxpour obtenirle soutien voulu.
Répondre aux besoins
En juin 2006, le Collège des médecins de famille du Canada a tenu une séance de réflexion à Niagara Falls, en Ontario, pour se pencher sur ces questions et examiner les besoins de tous les médecins de famille au pays. Un comité directeur a été formé pour examiner les délibérations et les recommandations de cette séance et présenter au Collège des recommandations plus précises. Elles porteront notamment sur les politiques et les priorités entourant la reconnaissance des médecins de famille ayant des intérêts spéciaux ou des pratiques ciblées et le soutien à leur apporter.
Le comité tiendra compte d’un certain nombre de facteurs. Le nombre des nouveaux groupes de médecins de famille engagés dans des pratiques plus spécialisées ou ciblées s’accroît. Ces groupes offrent des soins dans des domaines comme la médecine d’urgence, les soins aux aînés, les soins palliatifs, l’anesthésie en pratique familiale, la médecine hospitalière, la médecine sportive, la médecine du travail, les soins en cancérologie et les soins de maternité. Chacun de ces domaines d’intérêt spécial fait aussi partie de la gamme des services que de nombreux médecins de famille offrent à leurs patients dans leur pratique plus générale.
Certains groupes ont besoin d’aide dans leur réseautage. D’autres ont besoin de plus de possibilités de perfectionnement professionnel continu. Certains ont besoin d’une formation agréée, peut-être assortie d’un certificat spécial pour identifier leurs compétences particulières. Et certains groupes aimeraient peut-être participer aux travaux des comités et aux structures de gouvernance du Collège. Quels sont les groupes à qui le Collège devrait donner plus de soutien et dans quellemesure ont-ils besoinsd’appui?
Ces enjeux et les ressources nécessaires pour fournir un tel soutien feront l’objet d’une analyse minutieuse. Le domaine de pratique ciblée répond-il à un besoin évident dans la communauté? La pratique d’intérêt spécial sert-elle de ressource aux autres médecins de famille? Est-ce un domaine où il faudrait une formation plus spécialisée ou un bloc particulier de connaissances? Y a-t-il des praticiens spécialisés capables de participer à cette formation, et disposés à le faire, au sein d’un milieu universitaire pour partager leurs habiletés et leur savoir spécialisé avec d’autres médecins? Y aurait-il lieu d’offrir une formation postdoctorale additionnelle dans ces domaines? De quelles ressources (p. ex. agrément, examens, réseautage) le CMFC a-t-il besoinpour offrir le soutien nécessaire ou souhaité?
Le comité consultera bon nombre de ces groupes pour s’assurer de bien cerner les besoins essentiels de chacun d’entre eux. Au bout du compte, l’intention est d’assurer que le CMFC devienne aussi inclusif que possible et appuie les médecins de famille œuvrant dans un large éventail de pratiques, y compris les pratiques offrant des soins complets et les pratiques ciblées ou d’intérêt spécial, dans les milieux urbains et ruraux, partout au pays.
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