Suite aux recommandations très claires du Comité consultatif national de l’immunisation, le gouvernement canadien a octroyé 300 millions$ pour l’achat du vaccin contre le virus du papillome humain (VPH). Je suis presque totalement d’accord avec cette décision.
Je serai peut-être perçu comme biaisé, étant un investigateur du vaccin quadrivalent. Mais je suis pas mal d’accord pour avoir brûlé des condylomes à des milliers de personnes, avoir diagnostiqué trop de femmes avec des cancers et des pré-cancers de la vulve où les traitements mutilent génitalement des femmes sans compter celles qui ont angoissé suite à leur cytologie cervicale anormale. Pour être totalement d’accord j’aurais aimé qu’une fraction infime de ce montant soit allouée pour optimiser nos programmes de dépistage du cancer du col.
Le fardeau des VPH est énorme
La Colombie Britannique aurait dépensé 10$ par citoyen en 2005 pour l’ensemble des pathologies reliées aux VPH. Extrapolé au Canada, ça donne 300 millions$ par année.1
Les VPH-6 et VPH-11 causent la majorité des condylomes et des papillomatoses respiratoires et au moins 10% des atypies squameuses d’origine indéterminée et des lésions de bas grade sur les cytologies cervicales2. Les VPH-16 et VPH-18 sont responsables de 73% des cancers du col utérin3, de la majorité des adénocarcinomes4, des cancers de la vulve et du vagin reliés aux VPH, de la majorité des cancers anaux et, pour le VPH-16, d’au moins 10% des cancers oropharyngés de la tête et du cou5. Leur progression vers une lésion de haut grade du col utérin se fait au moins 6.5 fois plus rapidement que les 11 autres VPH à haut risque6.
Sans vaccin, la prévention du VPH est virtuellement impossible
La prévention primaire
Les mesures pour limiter l’acquisition des infections transmissibles sexuellement, telles l’abstinence, l’utilisation du condom, et la réduction du nombre de partenaires ont des limites très importantes. L’abstinence dure le temps qu’elle dure, le condom protège mal l’ensemble des surfaces anogénitales7 et 25% des filles n’ayant eu qu’une moyenne de 2 partenaires avaient au moins un VPH8.
La prévention secondaire
Les mesures pour limiter la maladie et empêcher les complications ou la transmission n’existent tout simplement pas: on ne peut donner de traitement aux contacts, ou faire du dépistage ou des tests post traitement. Le dépistage du cancer du col a ses failles: 43.5% des femmes n’ont jamais été dépistées, 53.8% n’ont pas été dépistées selon les recommandations, 29.3% ont eu une cytologie faussement négative et 11.9% ont eu un suivi déficient9.
Accès à un super vaccin
Efficacité
Le taux d’efficacité fut de 100% contre les lésions intraépithéliales du col, du vagin et de la vulve et les condylomes7. Même s’il n’y a pas d’effet thérapeutique pour les infections déjà acquises, il y a une protection grandissante dans le temps chez les femmes déjà infectées par au moins un VPH.
Sécurité
Des effets indésirables sérieux ont été rapportés plus rarement qu’avec les autres vaccins. Plusieurs des effets indésirables rapportés le sont déjà fréquemment à ces âges même en l’absence de vaccination. Aucun des décès rapportés ne serait relié au vaccin10.
Durabilité
Lorsqu’on inoculait les sujets avec une dose de rappel au mois 60, une puissante réponse anamnestique suivait11. Certains sujets voyaient leurs anti-corps ne plus être détectables après un certain temps mais n’ont pas développé de lésions. Ceci démontrerait qu’une réponse immunitaire cellulaire puissante était créée par le vaccin en plus de la réponse tumorale et pourrait être telle que l’on n’aura pas besoin de dose de rappel.
Coût
Quand on regarde les différents paramètres d’évaluation économique du vaccin, tel le nombre nécessaire à vacciner, soit 8 pour éviter un cas de condylomes et 276 pour éviter un cancer du col utérin, ainsi que le coût des années de vie de qualité qui serait entre 21 000$ et 31 000$12 au Canada alors que le coût de la maladie est de plus de 300 millions $ pour le Canada, nous pouvons dire que nous sommes en face d’un programme efficient.
Les questions non répondues le sont-elles vraiment?
Plusieurs voudront attendre que toutes les questions aient des réponses. Entre autre qu’on prouve que le vaccin protège contre le cancer lui-même et non seulement ses précurseurs. Avec 10.7 millions de doses don-nées, jamais un vaccin n’a été autant scruté par … les média. Tous les vaccins sont mis en marché avant qu’on ait toutes les réponses à toutes les questions. Et tous les vaccins font l’objet des mêmes questions que pour le VPH vaccin quadrivalent. Ces réponses sont souvent trouvées dans les études prolongées comme il a été planifié dans le prolongement des études du vaccin pour au moins 10 ans telle que celle qui se fera dans les pays scandinaves.
Conclusion
Les 300 millions $ représentent un geste de solidarité sans équivoque envers les femmes canadiennes. Nous pouvons protéger les femmes contre les condylomes et des cancers qui même avec les progrès de la science continuent de détruire des vies de femmes, de mères et d’épouses ainsi que des familles. En passant, mes 2 filleules sont vaccinées. Et en terminant, les femmes qui ne voudront pas de ce privilège auront toujours le loisir de refuser le vaccin.
Notes
CONCLUSIONS FINALES
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Les VPH, particulièrement les 4 contenus dans le vaccin quadrivalent, représentent un fardeau énorme pour le Canada.
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Les méthodes de prévention du VPH sont peu efficaces.
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Le vaccin est efficace et sécuritaire.
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Les canadiennes et par ricochet les canadiens bénéficieront d’une meilleure santé sexuelle grâce au vaccin quadrivalent contre le VPH.
Footnotes
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Intérêts concurrents
Dr Steben est chercheur pour le compte de Gardasil et fait partie d’un comité de publication et d’un bureau de conférenciers internationaux de Merck. Il a aussi reçu des subventions de voyage et de recherche de 3M, Adaltis, AutoGenomics, Digene-Qiagen, GlaxoSmithKline, Laboratoire Biron, Merck, Novartis, Roche et Warnex.
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Les parties à ce débat auront la possibilité de réfuter les arguments de leur opposant dans Réfutation qui paraîtra dans un prochain numéro.
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