Le Canada a le potentiel—et la capacité—d’être le meilleur pays au monde où un enfant puisse vivre et grandir.
Dre K. Kellie Leitch1
Les Canadiens devraient considérer comme une honte nationale le 21e rang occupé par le Canada parmi les 29 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques quant au bien-être des enfants, y compris la santé mentale; le 22e rang pour les blessures et décès infantiles évitables, le suicide et la pauvreté chez les jeunes; et le 27e rang pour l’obésité. Cette situation a suscité la création de l’Initiative sur la santé des enfants, un partenariat regroupant plus de 100 organisations, dirigées par l’Association médicale canadienne, la Société canadienne de pédiatrie et le Collège des médecins de famille du Canada (CMFC). En 2007, l’Initiative proclamait la Charte canadienne pour la santé des enfants et des jeunes, et recommandait des mesures essentielles à prendre dans l’immédiat pour remédier à cette situation inacceptable.
Conseils avisés
Le ministre fédéral de la Santé, Tony Clement, a pris la décision avisée de nommer Dre K. Kellie Leitch, directrice du Département de chirurgie pédiatrique de l’University of Western Ontario à London, comme conseillère ministérielle sur la santé des enfants et des jeunes. Le 27 mars 2007, après avoir consulté plus de 750 personnes et plus de 500 documents, Dre Leitch a publié son rapport Vers de nouveaux sommets. Le rapport explique en détail les problèmes rencontrés pour garder nos enfants en bonne santé et assurer leur bien-être et présente 95 recommandations pour orienter le gouvernement fédéral dans la mise en œuvre d’un plan d’action pour ce faire. Cet objectif est vital pour nos jeunes sur le plan individuel et pour notre nation sur le plan collectif.
Le rapport insiste sur l’importance de chaque recommandation et l’utilité d’établir des points de repère pour mesurer les résultats. On y traite des besoins de tous les enfants, mais une attention spéciale est accordée aux Autochtones et aux autres populations qui ont des problèmes particuliers.
Voici certaines des principales recommandations:
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Élaborer et mettre en œuvre une stratégie nationale de prévention des blessures chez les enfants et les jeunes, portant notamment sur le port du casque protecteur, sur les sièges d’appoint et autres accessoires de protection, et sur l’élimination des jouets toxiques.
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Réduire l’obésité infantile grâce à de meilleurs programmes parascolaires et d’activité physique, et en interdisant les annonces de malbouffe visant les moins de 12 ans.
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Améliorer les services en santé mentale; même si 80% des maladies psychiatriques se déclarent à l’adolescence, seulement 1 enfant canadien sur 5 reçoit les services de santé mentale dont il a besoin. Les sondages auprès des médecins de famille confirment sans cesse la priorité d’établir de tels services.
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Réaliser une étude longitudinale des cohortes pour faire le suivi des résultats en santé chez les enfants et les jeunes dans toutes les régions.
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Établir un bureau national de la santé des enfants et des jeunes, doté d’un conseiller permanent. Bien que Dre Leitch ait suggéré que ce bureau se rapporte au ministre de la Santé, d’autres, y compris le CMFC, préconisent, de concert avec la Société canadienne de pédiatrie, un commissaire fédéral à l’enfance et à la jeunesse plus indépendant.
Des défis qui méritent d’être relevés
La présidente de l’Initiative pour la santé des enfants, Dre Ruth Collins-Nakai, insiste pour que le Canada tente de se situer parmi les 5 premiers rangs selon tous les indicateurs, et le CMFC est d’accord avec cet objectif.
Jusqu’à présent, mis à part la circulation du rapport de Dre Leitch un peu partout pour des analyses de rentabilité et l’énumération publique des programmes gouverne-mentaux déjà financés, la réponse du ministre Clement et du gouvernement fédéral n’inspire pas confiance. Le gouvernement a encore répété que cette responsabilité relève des provinces. Les incessantes luttes de compétence fédérales-provinciales ont entraîné une décentra-lisation accrue du rôle fédéral en santé et la disparition de normes véritablement nationales. Notre système de santé se détériore progressivement, ce qui devrait inquiéter ceux qui espéraient pour le Canada l’avenir sécuritaire auquel tant de personnes s’attendaient. Aucune autre population n’est aussi intimement liée à l’avenir de notre nation que nos enfants.
Footnotes
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This article is also in English on page 816.
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