Il y a de ces textes qui sont des petits bijoux et qu’on prend plaisir à relire. Prenez la réflexion d’Howard Tandeter, publié ce mois-ci en page 74, qui nous relate comment il en est arrivé à s’auto-diagnostiquer souffrant d’apnée du sommeil. Il lui a fallu plus de 20 ans et de multiples quolibets et péripéties dont un grave accident d’auto avant de se rendre à l’évidence. Un jour alors qu’il rentrait chez lui en métro et qu’il s’était comme d’habitude assoupi, il ne s’est pas réveillé au terminus et s’est retrouvé là d’où il venait! Ouah! Il faut le faire ...
Qui dort dine
En le lisant je me suis demandé (comme plusieurs autres le feront) si je ne souffrirais pas moi-même d’apnée ou d’hypopnée du sommeil, communément appelé syndrome d’apnée ou d’hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS). En effet, il paraît que je ronfle pendant mon sommeil et on m’invite souvent (pour dire vrai, on m’ordonne!) de me tourner sur le côté afin que cesse ce capharnaüm(!)... mais à bien y penser, je ne suis certainement pas le seul ronfleur dans cette situation au pays! C’est vrai aussi que je me sens souvent très fatigué, au point de devoir prendre des siestes, assis sur ma chaise, au bureau... mais avec le rythme de vie que nous menons de nos jours, qui ne le serait pas? Lorsque je conduis mon automobile, je peine souvent à garder les yeux ouverts et je dois parfois me ranger sur le coté de la route, question de prendre une courte pause ... mais c’est sûrement normal puisque mes passagers dorment déjà à poings fermés. Tenez, il y a 2 ans, je suis allé voir Le pirate des Caraïbes III avec ma fille; en réalité, je ne me souviens de rien puisque j’ai dormi pendant toute la représentation, à son grand désespoir puisqu’elle n’arrêtait pas de me donner des coups de coude, gênée de m’entendre déranger tout l’entourage ... mais j’en vois plein qui dorment au théâtre. Bref, à l’instar de Tandeter, j’ai toutes les raisons du monde, comme plusieurs d’entre vous, pour réfuter l’idée que je puisse être atteint du SAHOS. D’autant plus qu’aux dires de mes témoins nocturnes, je n’ai pas vraiment de pauses respiratoires durant mon sommeil.
Polysomnographie
Heureusement, lorsque l’on suspecte la présence du SAHOS sans que l’on en soit pour autant convaincu, il existe une manière simple d’accroître son indice de suspicion: il suffit de mesurer la taille du cou. En effet, selon les lignes directrices, il semblerait qu’un tour de col supérieur à 43 cm en présence de symptômes suggestifs soit suffisant pour recommander un polysomnographie. Incidemment, il y a bien longtemps que je n’ai pas mesuré la taille de mon cou, mais si je me fie aux mensurations de mes chemises, dès que la taille du collet dépasse 16½ pouces, la suspicion s’élève. Seize pouces et demi! Avec de telles dimensions, y a-t-il encore des canadiens qui arrivent à boutonner leurs collets de chemise?! Je comprends maintenant pourquoi personne ne porte la cravate!
Il faut donc que je me rende à l’évidence: il est donc possible que je puisse souffrir du SAHOS (comme plusieurs autres, d’ailleurs) et nous aurions alors intérêt à passer une polysomnographie. Le problème, c’est qu’à l’hôpital où je travaille (et je pratique en plein cœur de Montréal) on m’a dit que le délai d’attente pour passer un tel examen était de plusieurs mois. Quant aux laboratoires privés, les prix demandés vont de 750$ à 1500$ pour l’épreuve ambulatoire.
Tout compte fait, même si le SAHOS est un trouble très fréquent affectant 4% des hommes et 2% des femmes adultes de 30 à 60 ans, et même si plusieurs sociétés savantes préconisent l’utilisation d’algorithmes décisionnels basés sur la probabilité pré-tests, la saturométrie nocturne et le recours aux appareils de polysomnographie ambulatoire pour accroître la sensibilité du test, il n’en demeure pas moins que le diagnostic n’est pas facile à poser pour la plupart des médecins de famille. Pas surprenant qu’il soit souvent manqué ou occulté. Sans compter que la perspective de dormir avec un masque n’enthousiasme personne.
Zzzzzz
Sur ce, comme je ressens soudainement une grande fatigue, je vais aller prendre une petite sieste. Et je crois bien que je vais essayer de dormir sur le côté!
Bonne nuit.
Footnotes
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This article is also in English on page 11.
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