Certes, le concept des infirmières praticiennes n’est pas nouveau. Ma collègue confirme que dès le début, ces professionnelles ont été créées en renfort pour tenter de combler une pénurie de médecins, pénurie qui sévit toujours à mon avis. Donc, les infirmières n’ont pas été la panacée à ce mal qui ronge la profession. De plus, elle souligne que leur nombre a fléchi de 20% en 7 ans. Et dire qu’elles devaient nous prêter main-forte!
Mes craintes se confirment quand on me parle de cliniques dirigées par des infirmières praticiennes dans des magasins à grande surface. Des infirmières qui s’émancipent et se mettent à travailler seules, dans des commerces bon marché, sans médecin. Bel exemple de médecine à rabais!
Ma collègue souligne également les obstacles à leur formation, entre autres l’importante limitation des possibilités de stages pratiques à une époque où les facultés de médecine font face à une augmentation des inscriptions. Il y a une limite minimale en termes d’exposition qu’il faut respecter pour permettre aux médecins d’être formés adéquatement. Si la formation est diluée, j’ai raison de parler de menace à notre profession!
J’ai souri en lisant l’argumentaire concernant les «problèmes hommes-femmes» et la famille dysfonctionnelle des soins de santé. Avec des taux d’admission en médecine frôlant le 75% de recrues féminines dans certaines facultés, je crois que le modèle médical même est en redéfinition. Je ne crois pas que les femmes médecins ont peur des femmes infirmières simplement parce que ce sont des femmes!
Quand on me dit que les auxilliaires médicaux ne nuisent pas aux infirmières praticiennes, je suis portée à le croire, car pour autant que je sache, leurs tâches sont différentes. Mais je cultive mon scepticisme quant à la complémentarité des tâches de l’infirmière praticienne et du médecin de famille, car je crois qu’une large part de celles-ci se dédoublent et se superposent.
Peut-être que l’inquiétude motive certaines de mes réactions, mais depuis que je m’intéresse au débat, personne n’est arrivé à fournir des réponses à mes questions concernant ces demi-docteurs. Je crois sincèrement que la collaboration est la clé du succès, mais seulement lorsqu’on exploite les talents de chacun, pas quand on empiète sur les acquis des autres.
Footnotes
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Interets concurrents
Aucun déclaré
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