Réfutation: Infirmières praticiennes: menace à notre profession?: NON

Gisèle Bourgeois-Law

Ce qui distingue les médecins n’est pas leur habileté à diagnostiquer. Les physiothérapeutes et les chiropraticiens posent des diagnostics tout comme les infirmières dans les régions éloignées. Ce qui rend les médecins de famille uniques, c’est l’étendue et la profondeur de leurs connaissances et de leurs habiletés qui leur permettent de diagnostiquer des problèmes plus rares ou des problèmes courants qui se présentent de manière inhabituelle, et de superviser la prise en charge de patients ayant de multiples problèmes complexes. C’est ce que leurs années additionnelles de formation les habilitent à faire. Les infirmières praticiennes ne deviendront une menace que si trop de médecins de famille exercent leur profession d’une manière sensiblement semblable à la pratique des infirmières praticiennes.

Je ne sous-entends pas que tous les médecins de famille doivent retourner au modèle traditionnel de la pratique familiale complète. La médecine familiale doit, par ailleurs, réaffirmer son rôle unique dans le système de santé, pour assurer qu’elle ne perd pas ce qui la rend précisément unique. Par exemple, les résidents en médecine familiale doivent passer du temps dans les services de soins aigus d’hôpitaux de niveau tertiaire, même s’ils ne pratiqueront peut-être jamais dans un tel milieu; ils ont besoin de cette expérience pour mieux comprendre et vivre ce qui les différenciera des infirmières praticiennes, et ils doivent être visibles dans le système. Les médecins de famille ont insisté sur leur relation unique avec les patients; ils doivent insister tout autant sur la préservation de l’ampleur et de la profondeur de leur formation et de leur apprentissage continus.

Enfin, les médecins sont désavantagés sur le plan politique par rapport aux infirmières parce qu’on en compte comparativement moins dans des postes administratifs. Même si l’administration est bien moins rémunératrice que la pratique clinique, un nombre suffisant de médecins doivent participer à l’administration médicale, gouvernementale et de l’éducation pour veiller à ce que la médecine familiale continue à se faire entendre haut et fort à l’avenir.