
Pour les patients, il peut être compliqué, frustrant et même effrayant de voguer dans le système de santé. Comment obtenir des rendez-vous opportuns pour des tests, du counseling, de la physiothérapie, de l’ergothérapie, des services sociaux ou une demande de consultation? Les divers professionnels de la santé communiquent-ils entre eux? Si oui, les renseignements sont-ils exacts et à jour? Les problèmes de communication sont légendaires et entraînent des risques accrus pour les patients et des coûts inutiles.
On ne parle plus le même langage
Les Canadiens s’impatientent de plus en plus à cause des temps d’attente pour obtenir des soins. Les pénuries de professionnels contribuent considérablement à ces problèmes d’accès. La désinstitutionalisation—le transfert des soins de l’hôpital à la communauté—ne s’accompagnait pas des ressources suffisantes pour les soins communautaires, d’où les grandes lacunes dans la disponibilité des services. Le départ des médecins de famille et des autres omnipraticiens de la pratique hospitalière s’est aussi soldé par la perte d’un milieu important de rencontres au sujet des patients et de leur prise en charge. La disparition des «salons» des médecins dans les hôpitaux a nui aux relations collégiales (qui étaient bénéfiques pour les patients et les demandes de consultation). Pour y remédier, il nous faut des moyens pour accueillir à nouveau tous les médecins dans les hôpitaux et mieux soutenir les systèmes d’information électroniques dans chaque milieu communautaire de services de santé.
Les planificateurs du système ont déployé beaucoup d’énergie à élaborer des modèles de pratique pour aider les diverses professions à travailler plus efficacement ensemble. C’est pourquoi les pratiques offrent de plus en plus les services d’équipes interprofessionnelles, regroupant médecins de famille, autres spécialistes, infirmières, auxiliaires médicaux, psychologues, pharmaciens, ergothérapeutes, travailleurs sociaux, diététiciennes, physiothérapeutes et d’autres encore. Les médecins entre eux forment ce qu’on appelle les équipes intraprofessionnelles.
L’intérêt et le soutien pour les pratiques familiales offrant les services d’une gamme de professionnels de la santé se font grandissants. Ces équipes peuvent améliorer l’accès par les patients à des soins opportuns et mieux coordonnés, surtout s’ils ont des problèmes complexes ou chroniques. Les études font valoir que les médecins de famille sont essentiels à la réussite de ces équipes; les résultats sont meilleurs si les patients ont un médecin de famille et quand les soins de leur propre médecin de famille sont appuyés par d’autres membres de l’équipe de soins primaires1. Par rapport à ceux qui n’ont pas de médecin de famille, les Canadiens qui en ont un sont plus satisfaits des soins qu’ils reçoivent de tous les autres professionnels.
Chacun pour soi
Même si les recherches se poursuivent sur l’efficacité des équipes de santé, le Collège comprend leur potentiel et appuie de nombreuses initiatives présentement en cours. L’an dernier, le Collège et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada ont approuvé une vision selon laquelle chaque Canadien devrait avoir son propre médecin de famille et une infirmière ou infirmière praticienne. Par ailleurs, nous avons précisé clairement que notre soutien aux équipes interprofessionnelles était conditionnel à des ressources et à des fonds suffisants, à une protection contre la faute professionnelle pour chaque membre de l’équipe et à l’optimisation des connaissances et des habiletés uniques de chacun, dans un contexte où chaque professionnel contribue des services dans les limites de sa formation. Nous favorisons des soins complémentaires centrés sur le patient qui contribuent à une plus grande sécurité des patients et à de meilleurs résultats. Nous nous opposons à la substitution d’une profession par une autre. En cette époque de pénurie de ressources humaines, il est essentiel que ce dernier point surtout soit bien compris et respecté par les planificateurs du système.
Le Collège appuie aussi de meilleurs soins intraprofessionnels. De concert avec le Collège royal, nous avons récemment approuvé des compétences essentielles en matière d’interprofessionnalisme. Elles seront intégrées dans nos programmes de formation et inspireront les programmes de FMC présentés aux médecins de famille et aux autres spécialistes. Nous proposerons aussi des directives pour les demandes de consultation et préconiserons plus de modèles de soins partagés impliquant la collaboration entre les médecins de famille et nos collègues du Collège royal. Nous espérons que ces équipes de soins interprofessionnels et intraprofessionnels bien soutenues réduiront les frustrations vécues par les patients et leurs médecins dans l’accès à des soins de qualité.
Footnotes
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This article is also in English on page 224.
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