
Je n’enseigne jamais à mes étudiants. J’essaie seulement de leur offrir les conditions propices à leur apprentissage.
Albert Einstein (1879–1955)
Ma première véritable expérience en médecine familiale, je l’ai vécue durant un stage optionnel en 3e année avec Dr Maurice Smith, le père d’un ami, qui avait une pratique très occupée dans le quartier est de Toronto, en Ontario. Dr Smith, qui avait suivi sa formation en Écosse, commençait habituellement sa journée par une visite à domicile à un patient âgé ou à l’hôpital pour s’occuper d’un de ses patients plus malades sous traitement. Après, il retournait à son bureau sans prétention du 2e étage d’un édifice situé au coin de l’avenue Danforth et de la rue Main, où il voyait des patients aux 10 à 15 minutes, jusqu’à tard en soirée. La majorité de ses patients étaient plus âgés et beaucoup avaient émigré de Grande-Bretagne, comme mes propres parents. Au cours du mois, j’ai vu des douzaines de personnes ayant des problèmes courants comme de l’hypertension, des cardiopathies, de l’arthrite et ainsi de suite. Dr Smith prodiguait son enseignement surtout en «petites bouchées à la fois» et le reliait toujours à un patient que nous avions vu ensemble. En comparaison de mes expériences dans les services de centres hospitaliers universitaires dans des spécialités comme la médecine interne et la chirurgie, l’enseignement du Dr Smith semblait épars et d’une valeur éducative plus faible. Comme je me trompais! Ce n’est qu’une fois médecin de famille et moi-même enseignant que je me suis rendu compte qu’en me permettant de participer à sa vie de médecin de famille, il m’avait procuré les conditions idéales pour que j’apprenne son art.
Même si de nombreux médecins de famille au Canada s’impliquent dans l’enseignement, il faudrait une plus grande participation encore si nous voulons réussir à recruter des étudiants en médecine dans des carrières enrichissantes en médecine familiale. Dans un commentaire du présent numéro de la revue, Dres Diane Clavet et Allyn Walsh, de la Section des enseignants en médecine familiale, préconisent l’implication des médecins de famille dans l’enseignement et mettent en évidence les nombreuses façons de le faire, et d’influencer les étudiants en médecine et les résidents en médecine familiale1.
Dans le numéro du Médecin de famille canadien de ce mois-ci, nous lançons à nouveau la page de la Section des enseignants en médecine familiale, intitulée «Occasion d’enseignement» (CFPlus)2. Le titre reflète le fait que dans un milieu de médecine familiale très occupé, l’enseignement et l’apprentissage se font en «petites bouchées à la fois». Sous l’égide des Dres Clavet et Walsh comme rédactrices responsables, «Occasion d’enseignement» devrait offrir, nous l’espérons, des conseils utiles aux enseignants en médecine familiale de tous les coins du Canada afin qu’ils continuent à offrir les conditions propices à l’apprentissage des futurs médecins de famille.
Septembre, c’est le mois du retour à l’école pour les étudiants de tous les âges au pays, et il convient donc, qu’en plus de la nouvelle page à l’intention des enseignants, ce numéro présente aussi plusieurs articles de recherche sur l’enseignement et l’éducation: l’influence d’une 3e année de formation en médecine familiale sur les habitudes de pratique après le diplôme ( page 906), les points de vue des résidents et des directeurs de programme sur la 3e année de formation ( page 904),3,4 une synthèse critique des programmes de formation en enseignement ( page 902)5, sans compter une description de programme de formation interprofessionnelle dans une équipe de médecine familiale ( page 901)6.
Enfin, je tiens à souligner que l’organisme Canadian Doctors for Medicare/Médecins québécois pour le régime public a lancé un concours de dissertations évaluées par les pairs à l’intention des étudiants en médecine et des résidents canadiens, en partenariat avec la Revue canadienne en santé publique et Le Médecin de famille canadien. Les étudiants en médecine et les résidents sont invités à présenter un article de 1 500 mots sur leur vision d’un meilleur régime public. Les articles retenus seront publiés dans ces revues, et un grand gagnant du concours sera mis à l’honneur. Pour connaître les exigences relatives à ces articles et le processus de soumission et de sélection, rendez-vous à www.mybettermedicare.ca.
J’espère que les nombreux enseignants dévoués en médecine familiale de toutes les régions du pays trouveront de précieux renseignements intéressants dans ce numéro.
Footnotes
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Intérêts concurrents
Dr Pimlott est membre de Canadian Doctors for Medicare/Médecins québécois pour le régime public.
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This article is also in English on page 859.
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