Les jours sont courts,
Le soleil, une étincelle,
Pâle lueur entre
Deux noirceurs.
John Updike, traduction libre “January”1
L’automne et l’hiver, l’activité est toujours fébrile pour les médecins de famille, mais pas bien plus que ce mois dernier avec sa seconde vague de la grippe H1N1. Même quand ma pratique est en période de pointe, l’un des plaisirs de la médecine familiale, selon moi, c’est d’apprendre à connaître mes patients et d’écouter leurs histoires. Ce que je déplore le plus, c’est quand le temps me presse parce que la clinique est remplie et que je sais que j’aurai de la difficulté à écouter attentivement ces histoires.
Le numéro de janvier du Médecin de famille canadien gravite autour de la connaissance de nos patients, de nos pratiques et, par leur intermédiaire, de nous-mêmes. Il est bien connu que les médecins ne sont pas les premiers à adopter la technologie dans leur pratique2. Dans leur commentaire fort intéressant, Martin Dawes et David Chan (www.cfp.ca) préconisent éloquemment l’adoption et l’utilisation efficace des dossiers médicaux électroniques (DME) pour faire de nous de meilleurs médecins, principalement parce qu’ils nous permettront de connaître nos patients, leurs problèmes de santé et la qualité de nos soins3. Leur commentaire s’accompagne de 2 articles de recherche: le premier ( page 41) compare l’expérience de médecins de famille urbains et universitaires avec la mise en oeuvre des DME avec celle de médecins communautaires4. Selon cette étude qualitative avec des facteurs d’information clés, la réussite de l’adoption des DME repose sur des réseaux professionnels solides de médecins, une formation appropriée et un soutien technique sur place. La deuxième étude (www.cfp.ca), un sondage réalisé dans une clinique de médecine familiale, révèle que les inquiétudes quant aux répercussions négatives des DMR sur les visites des patients ne seraient pas fondées et qu’au contraire, les effets seraient positifs sur la satisfaction générale des patients5.
Il y a plusieurs façons de connaître nos pratiques et nos patients. La capacité que procurent les DME de recueillir, d’analyser les données et d’y répondre en est une essentielle. Tout aussi importante et peutêtre autant négligée est l’écoute attentive du récit par nos patients de leur expérience de la maladie et de ses effets sur leur vie. Dans ce numéro, nous avons le plaisir de présenter les récits gagnants des Prix AMS–Mimi Divinsky d’histoire et de narration en médecine familiale 2009, ainsi qu’un commentaire profondément réfléchi (www.cfp.ca) sur ces récits par Arthur Frank de l’University of Calgary en Alberta6. J’ai eu la chance d’assister à la présentation de ces prix au Forum en médecine familiale à Calgary. Les récits des 3 lauréats, Drs Shane Neilson (www.cfp.ca), Andrew Lodge (www.cfp.ca), et Christine Motheron ( page 58) sont empreints de respect, émouvants et merveilleusement écrits7–9. Le commentaire par M. Frank, présenté à la remise des prix et reproduit ici, situe dans un contexte plus large, percutant et fondamental les histoires de ces médecins qui, je l’espère, seront pour vous sources de réflexion. Pour para-phraser M. Frank, ce sont des histoires en toute modestie que les personnes malades et leurs médecins peuvent apprécier et dans cette modestie se trouve une pratique de la médecine à laquelle aspirer.
Footnotes
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré.
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This article is also in English on page 13.
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