D’autres choses peuvent nous changer, mais nous commençons et finissons avec la famille.
Anthony Brandt (traduction libre)
En tant que médecin de famille travaillant et vivant dans une petite ville du Nouveau-Brunswick, j’ai été témoin de ma part de changements au cours des derniers 20 ans. Je présume que bon nombre de mes collègues au pays ont vécu des expériences semblables. Que ce soit dans un hôpital dans une petite région ou dans un vaste centre urbain, nous avons assurément vu se produire une évolution administrative. Nous avons aussi vécu une explosion sans précédent dans la technologie médicale, les outils de diagnostic et les traitements, tous jugés bénéfiques pour nos patients. Avec toutes ces transformations, il n’est pas surprenant que beaucoup de médecins de famille se soient sentis marginalisés et dépassés; on leur a donné l’impression que la médecine familiale est une discipline moins importante qu’elle ne l’était dans la vaste arène de la prestation des soins au Canada. Par ailleurs, j’ai la nette impression que c’est exactement le contraire: la médecine familiale, et le type et la qualité des services que fournissent les médecins de famille n’ont jamais été aussi nécessaires à la santé des Canadiennes et des Canadiens et à la viabilité de notre système de santé.
Bienfaits continus
Nous savons très bien, en nous fondant sur l’excellente recherche en soins primaires, que plus le nombre de médecins de première ligne est élevé, meilleurs sont les résultats en matière de santé dans les populations. Inversement, les résultats sur ce plan déclinent lorsque l’effectif de médecins de soins primaires diminue1. Barbara Starfield et ses collègues du Centre des politiques en soins primaires John Hopkins ont exposé les concepts inhérents aux systèmes de soins primaires qui fonctionnent bien, notamment les soins de premier contact, les soins axés sur la personne sur une longue période, la nature complète et la coordination des soins, ainsi que les 3 aspects liés à l’orientation communautaire, à la centralité de la famille et à la compétence culturelle, qui sont tous des caractéristiques enchâssées dans nos 4 principes de la médecine familiale2. Nous savons aussi que les soins fournis par les médecins de famille réduisent réellement les coûts imposés au système de santé. Une étude publiée en 2009 par Hollander et ses collaborateurs révélait que plus les patients ayant les besoins les plus élevés de soins (diabète, insuffisance cardiaque congestive) étaient rattachés à une pratique de soins primaires, moins grands étaient les coûts pour l’ensemble du système de santé (comprenant les services médicaux, les services hospitaliers et les médicaments). Ces constatations corroborent les ouvrages scientifiques généraux sur les avantages des soins primaires et de la continuité des soins3.
Cheminement continu
En bout de ligne, après toute cette panoplie de changements, je m’étonne de la constance d’une chose (au moins, dans ma propre vie). J’ouvre la porte d’une salle d’examen, j’entre dans la pièce où règne l’anxiété et je dis : «Bonjour, je suis Dr Boulay. Comment allez-vous aujourd’hui?» Puis j’entreprends un autre bout de chemin avec un autre être humain, un cheminement durant lequel je fais de mon mieux pour aider la personne à naviguer dans un monde de plus en plus complexe et à se rendre là où elle doit d’aller.
En dépit de tous les changements, les Canadiennes et les Canadiens se rendent compte de la différence que font les médecins de famille dans leur vie. Les décideurs en viennent aussi à la conclusion qu’investir dans les soins primaires, dans les services fournis par les médecins de famille partout au pays, les aidera réellement à étirer encore davantage leurs budgets de santé serrés, tout en assurant aux patients les meilleurs résultats en matière de santé que nous puissions leur offrir.
En fin de compte, nous devons réellement aider tout le monde à se concentrer pour garder nos patients au coeur de nos activités, et sur leur primauté quand les décisions sont prises concernant les ressources humaines et l’attribution des fonds au secteur de la santé.
Footnotes
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This article is also in English on page 1377.
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