Février, le mois des amoureux, est le moment idéal pour déclarer: « J’adore la médecine familiale ». Je suppose qu’il n’y a rien de choquant dans ces pro-pos venant de la présidente du Collège des médecins de famille du Canada. Le défi ce mois-ci ne se situe pas tant dans la déclaration, mais bien dans la façon de nous présenter en tant que profession - au public, à nos membres, aux autres organisations médicales, entre nous et, surtout, aux apprenants. Manifestonsnous passion et positivisme pour notre discipline ou restonsnous négatifs à propos de tous les problèmes en médecine familiale et en soins primaires?
Ce qu’on déteste
Lors d’une récente rencontre avec des étudiants en médecine, on m’a posé la question:« Qu’estce que vous n’aimez pas de la médecine familiale? » C’était plus facile d’y répondre que je le pensais: les fêtes familiales ratées pour être restée à l’hôpital avec un patient malade; monter la tente de nuit au début des vacances à cause du travail et d’un accouchement qui se sont prolongés tard en soirée; le rythme effréné certains jours; la nausée en regardant l’horaire d’autres collègues; prononcer un diagnostic de myélome multiple à la mère d’une amie; assister à la mort d’un jeune homme de mon âge atteint du sida; le couple « médecine McDonald » qui vient au bureau pour « commander » tout ce qu’ils veulent, tout de suite; les critiques des médias; les commentaires négatifs d’autres spécialistes ou, pire, de mes propres collègues; le téléavertisseur ouvert 24 heures/7 jours pendant 20 ans. Vous reconnaissez? Et pourtant, je pense rarement à ces choses. Ce que j’aime de la médecine familiale, entre autres, c’est la variété, et elle inclut toutes les expériences cidessus.
Nous savons, selon des rapports comme l’enquête internationale sur les politiques en santé du Commonwealth Fund en 20081, que les soins primaires au Canada ont du chemin à faire pour se comparer favorablement à ceux d’autres pays. Nous ne devons toutefois pas perdre de vue ce qui fonctionne ou arrêter d’essayer d’améliorer la situation. Le Collège fait des représentations pour changer le système de santé canadien, portant sur de nombreux enjeux qui méritent toujours notre attention. On peut mentionner des rapports comme Les soins de première ligne centrés sur le patient: Concept du « Medical Home »2 ou L’attente commence ici3, publiés à la fin de 2009, tous 2 accessibles à www.cfpc.ca. Le Collège offre aussi des ressources aux médecins de famille en pratique active, comme la Trousse d’outils en soins de première ligne, accessible à http://toolkit.cfpc.ca./fr/index.php.
Ce qu’on aime
Les étudiants en médecine s’inscrivent en médecine familiale en nombres record. En janvier et février se tiennent les entrevues du Service canadien de jumelage des résidents (SCJR) et c’est une période très occupée pour les programmes de médecine familiale qui examinent les centaines de demandes d’inscription. Les 17 facultés de médecine canadiennes offrent divers établissements de résidence en médecine familiale: régions urbaines, rurales ou éloignées. Les étudiants en médecine qui ont suivi des stages avec des médecins de famille au pays se font demander: « Pourquoi la médecine familiale? » Ils décrivent la diversité du travail; les premiers contacts; la flexibilité, l’autonomie et les relations; les lieux; la continuité; le travail en équipe; les défis; l’accent sur la prévention et la promotion de la santé; les possibilités; la connexion avec la communauté; le mode de vie; la variété des patients; les soins du berceau à la tombe; la pratique en cabinet; le travail hospitalier; les visites à domicile; l’urgence; les soins maternels et bien plus encore. Après les entrevues du SCJR, vous vous sentez si bien à propos de la médecine familiale et du genre d’avenir que promet la prochaine génération de médecins de famille. L’émerveillement nous revient et nous rappelle notre chance de faire ce que nous faisons!
Il reste beaucoup à faire. Oui, il y a des problèmes, mais la réforme a fait une différence. Beaucoup bénéficient d’un appui et de ressources en médecine familiale qui n’existaient pas il y a 10 ans. Nous devons continuer à améliorer des domaines comme la technologie de l’information en soins primaires, tout en continuant à faire l’éloge de cette discipline privilégiée et stimulante. Il ne sert à rien de se concentrer sur le négatif. Cette saison du SCJR devrait nous rappeler de penser au positif, et février est un bon mois pour exprimer ce que nous ressentons à propos de notre travail.
Quand j’étais vice-doyenne des études prédoctorales à la Dalhousie University à Halifax, N.-É., nous avons envoyé à tous les étudiants en médecine un exemplaire du Médecin de famille canadien et une carte de Saint-Valentin: « Nous aimons la médecine familiale ». Nous avons eu tant de plaisir à le faire parce que nous adorons la médecine familiale et voulions que tous le sachent! À qui pourriez-vous envoyer votre Valentin de la médecine familiale? Exprimez votre amour!
Footnotes
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This article is also in English on page 199.
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