Il me semble que la question qui a été posée (Les médecins de famille peuvent-ils exercer une bonne médecine sans suivre les guides de pratique clinique?1) n’est pas celle qu’il fallait poser.
Il eut mieux valu demander la question suivante: Les médecins généralistes peuvent-ils exercer une bonne médecine sans s’impliquer dans une démarche EBM? La démarche EBM, ou la médecine fondée sur des preuves, consiste à intégrer les meilleures données de la recherche à la compétence clinique du soignant et aux valeurs du patient.
Entre le médecin « fou » qui appliquerait sans discernement les recommandations de pratique comme des recettes de cuisine et le médecin inconscient ne se fiant qu’à ses connaissances et à son intuition, il doit exister une forme d’exercice où les recommandations toutes imparfaites qu’elles soient (couverture incomplète du champ, faibles niveaux de preuve, conflits d’intérêts, etc.) permettent de fixer une ligne de conduite qui jamais ne devra être normative mais qui permettra de réduire les conduites aberrantes.
Il est évident que la bonne médecine ne saurait se réduire à la seule mise en oeuvre de « bonnes » connaissances. Exercer la médecine générale requiert des compétences dans cinq champs d’activité: i) la démarche clinique spécifique (dont l’EBM, y compris la lecture critique de l’information médicale); ii) la communication avec les patients et leur entourage; iii) la gestion de l’outil professionnel; iv) les relations coordonnées avec l’environnement professionnel et les institutions sanitaires et sociales et v) les savoir-faire contribuant au développement et au rayonnement de la discipline de médecine générale.
En résumé, à la question « Les médecins généralistes peuvent-ils exercer une bonne médecine sans s’impliquer dans une démarche EBM ? » ma réponse est NON. Les guides de pratique clinique sont un mal nécessaire quoique insuffisant pour exercer une bonne médecine générale!
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