La césarienne sur demande se définit comme une césarienne primaire faite à la demande de la mère, sans aucune indication médicale ou obstétricale reconnue, afin d’éviter un accouchement vaginal.
Il est maintenant reconnu par le monde médical que la patiente a droit à la participation active dans le choix de son traitement médical, incluant le mode de son accouchement1. On accepte qu’une patiente ait recours à la chirurgie esthétique si elle a pu donner son consentement éclairé. On devrait accepter le même principe pour la césarienne sur demande.
Les raisons d’une césarienne sur demande sont multiples: peur d’accoucher, peur de la douleur, pression familiale, mauvaise expérience antérieure, meilleur contrôle sur les événements, meilleurs soins et le souci de préserver l’intégrité du plancher pelvien.
Aucune étude sérieuse n’a su démontrer une augmentation de la mortalité maternelle là où on a eu recours à la césarienne sur demande2. Avec la mise en place de l’antibioprophylaxie et de l’héparinoprophylaxie et l’utilisation des bas de support séquentiels, la morbidité maternelle est la même pour la césarienne planifiée que pour l’accouchement vaginal planifié3.
Les risques d’hémorragies maternels reliés à l’atonie utérine augmentent avec l’accouchement vaginal induit ou non, la rétention placentaire et la césarienne d’urgence. La césarienne sur demande permet de les éviter2.
Pour la femme active, l’intégrité du plancher pelvien prend une grande importance. Elle veut pouvoir continuer à faire de l’exercice sans restriction. Elle veut préserver sa fonction sexuelle. La césarienne planifiée peut lui assurer cette protection4.
La mère veut aussi protéger son enfant. Comment mieux éviter les risques de transmission des infections périnatales comme l’herpès, l’hépatite, le virus de l’immunodéficience, le papillome humain ou le streptocoque B qu’en faisant une césarienne avant la rupture des membranes.
En prévoyant la césarienne entre la 39e et la 40e semaine, on devrait diminuer le risque de mort in utero de façon significative puisque l’on sait que ce risque augmente avec le terme. On pourrait par le fait même réduire à zéro le risque de mort in utero en travail2. Puisque 23 % des cas de liquide méconial ont lieu après 41 semaines, on pourrait diminuer le nombre d’aspirations méconiales. L’absence de travail permettra de diminuer les complications reliées à l’accouchement vaginal dont les risques d’hémorragies cérébrales, de dystocie de l’épaule, de trauma du plexus brachial, de fracture du bras et de la clavicule, de dépression du système nerveux central et d’asphyxie2–7.
La césarienne sur demande permet un meilleur contrôle sur l’environnement. Elle assure une meilleure planification au travail et à la maison. Elle assure que le médecin et l’anesthésiste seront là lors de l’accouchement.
Souvent la peur de la douleur va contribuer pour beaucoup dans le choix de la césarienne. La patiente a peur d’être en travail et de ne pas être soulagée lorsqu’elle le désirera. Elle a peur d’avoir une césarienne d’urgence, d’être endormie et d’être privée des premières minutes de vie de son enfant, du contact immédiat en faisant la peau à peau. Elle aura droit à ces précieux moments avec une césarienne planifiée qui se déroulera le jour, dans le calme, avec un personnel reposé et attentif à ses demandes. La césarienne d’urgence est une expérience traumatisante pour la mère avec des risques de dépression postnatale et de stress post-traumatique5. Pour ce qui est de la douleur post-partum, là encore aucune bonne étude n’a su démontrer que la césarienne était plus souffrante que l’accouchement vaginal. Nos patientes quittent l’hôpital le troisième jour post-partum avec de l’acétaminophène et des anti-inflammatoires, alors que l’accouchée par voie vaginale part avec en plus des pommades pour le périnée et les hémorroïdes.
Les frais encourus pour une césarienne sur demande (planifiée) sont les mêmes que ceux engendrés par un accouchement vaginal avec oxytocine6. Pour le milieu hospitalier, la césarienne sur demande va aider à mieux gérer le temps opératoire et le personnel. À plus long terme, on peut penser que les coûts engendrés par les chirurgies d’incontinence urinaire, de prolapsus, de reconstruction du périnée et du vagin seraient moindres. En diminuant les césariennes d’urgence, on va diminuer les risques d’accidents et d’incidents malheureux. On va diminuer les dépenses en coûts de soins pour des enfants avec séquelles reliées à l’accouchement et les frais en poursuites judiciaires.
Du point de vue éthique, on ne peut que difficilement refuser à une patiente son droit à la césarienne sur demande. Elle a droit à son autonomie décisionnelle. On lui doit un consentement éclairé sur les bienfaits et les inconvénients d’une chirurgie non nécessaire pour elle et son enfant1. Cette bonne entente entre le médecin et sa patiente assurera que le déroulement de la grossesse, l’accouchement et le post-partum se feront dans un climat de sécurité pour la famille et le personnel soignant.
Notes
CONCLUSIONS FINALES
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On reconnaît le droit de la patiente à la participation au choix de traitement. On devrait accepter le même principe pour la césarienne sur demande.
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La morbidité maternelle est la même tant pour la césarienne planifiée que pour l’accouchement vaginal planifié.
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Les frais encourus pour une césarienne sur demande (planifié) sont les mêmes que ceux engendrés par un accouchement vaginal avec oxytocine.
Footnotes
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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