Bien sûr une meilleure formation produit de meilleurs médecins. Personne ne dirait le contraire. Un bon docteur, c’est une bonne chose. Mais qu’est-ce qu’un bon médecin? Quand saurons-nous que nous avons produit un meilleur docteur que l’actuelle cohorte de diplômés? Avons-nous des preuves significatives que « [l]’amélioration continuelle de la formation postdoctorale au cours des 40 dernières années a produit des médecins de famille toujours meilleurs »1, comme le soutient mon opposant? Meilleurs en quel sens? Plus compatissants? Plus habiles techniquement? Un meilleur acumen diagnostique? Il nous faudra définir rigoureusement bon et trouver des façons de mesurer meilleur, si nous espérons aller au-delà des platitudes et des déclarations de vérités évidentes. À défaut de le faire, nous ne saurons jamais vraiment si nous atteignons les objectifs admirables et ambitieux des concepteurs de Triple C.
Même si nous avions des mesures pour démontrer que la décennie durant laquelle vous avez été formés est associée directement à votre qualité en tant que médecin de famille (dans un tel cas, ne devrions-nous pas écarter bon nombre d’entre nous qui avons été éloignés des établissements universitaires de formation depuis 10 ans ou plus?), pourrions-nous possiblement l’attribuer exclusivement au cursus de la résidence? L’éducation médicale se déroule dans un contexte social et historique; les tentatives de faire de la recherche sur les résultats et de les mesurer doivent tenir compte de ces facteurs. Heureusement, des approches novatrices à la recherche sur l’éducation médicale (en particulier, les approches en sciences sociales) offrent des possibilités intéressantes de mieux comprendre les conséquences des changements dans les programmes d’enseignement2.
Plutôt que simplement proclamer les avantages de Triple C, peut-être serions-nous mieux d’avoir de franches discussions au sujet des problèmes auxquels notre discipline est confrontée, pour voir s’il est véritablement possible de les régler par des adaptations au cursus. Le problème ne se situe-t-il pas dans le nombre insuffisant de nos stagiaires qui pratiquent une médecine du berceau à la tombe? Le problème n’est-il pas que nous n’arrivons pas à convaincre assez de nos diplômés de travailler en milieu rural? Il faudra des solutions différentes pour chacun de ces problèmes.
Le rafistolage du cursus ne peut pas se substituer aux changements qu’il est nécessaire d’apporter à nos systèmes de santé3. Nous devons rigoureusement porter notre attention sur les vrais enjeux. C’est le moins que nous puissions faire pour nos enseignants chevronnés en médecine familiale, nos étudiants brillants et passionnés et, avant tout, pour les patients que nous avons le privilège de soigner.
Footnotes
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré.
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Ces réfutations sont les réponses des auteurs des débats dans le numéro d’octobre (Can Fam Physician 2012;58:1070–3 [ang], 1074–8 [fr]).
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