Continued from inside half-cover (IHC)
Suite de la demi-page intérieure de la couverture
Alors qu’il était étudiant en médecine en Ontario durant les années 1970, Dr Burge voulait voyager et aller pratiquer au loin, sur le bord de l’océan. Il a entendu parler de Baie Verte à Terre-Neuve, où les services médicaux communautaires (hôpital et résidences du personnel) étaient parrainés par l’Église unie. Dr Burge se souvient des bâtiments de l’hôpital situés au sommet d’une colline; pour entrer dans la collectivité à partir de la grande route, il fallait passer au pied de la colline où se perchait l’hôpital.
Une partie de son expérience à Baie Verte comportait de visiter les communautés des hameaux isolés. Lors de l’une de ces visites, Dr Burge, en tant que passager, écoutait son médecin-mentor exposer les problèmes de la communauté qu’ils allaient trouver au bout de la route. Les statistiques sur le chômage, les difficultés financières, les exigences du gouvernement provincial, toutes faisaient partie de la conversation, alors que le mentor de Dr Burge mettait en contexte la santé de communautés entières en suivant des trajets toujours en pente descendante à partir de la route principale.
La Scie figurait parmi ces collectivités. Une femme de la région agissait comme secrétaire clinique; à l’heure du midi, elle cuisinait pour l’étudiant en médecine et le médecin un ragoût de lapin. À la fin d’une journée hivernale, déjà sombre, la secrétaire avait réservé le dernier rendez-vous pour une visite à domicile. L’étudiant en médecine et le médecin sont entrés dans une maison sans chauffage central ni plomberie intérieure. Un poêle à bois dans la salle principale réchauffait une famille rassemblée autour d’un téléviseur en couleurs. Dans un lit à l’étage, sous de nombreuses couvertures, une grandmère émaciée dormait à côté d’un pot de chambre et d’un magazine pour s’essuyer.
La famille faisait ce qu’elle pouvait; personne ne pouvait concevoir d’autres arrangements. Le médecin a prescrit des traitements et les visiteurs sont sortis de la maison bâtie sur le roc, là où les quais et les doris fracassés se mêlaient à l’océan. Sur la route qui grimpait vers Baie Verte, le médecin a dit à l’étudiant en médecine que c’est la où vivent les patients, la où les médecins pratiquent et tout ce que vous pouvez faire, c’est travailler avec ce que vous avez.
L’étudiant en médecine a commencé à pratiquer et s’est intéressé aux soins palliatifs. Il est retourné aux études pour suivre une formation additionnelle à l’aube de l’époque du contrôle de la douleur et des symptômes, un nouvel évangile selon lequel on prend ce qu’a une personne (de la douleur, par exemple) et on offre des solutions. Au début de sa pratique comme médecin de soins palliatifs, Dr Burge a rencontré une femme souffrant d’un cancer du côlon. La propagation du cancer lui causait des souffrances énormes.
Ascétique, atteint d’ictère et de cachexie, son corps se retranchait de son abdomen massif et grossissant, tout en s’y engouffrant à la fois. Elle refusait l’analgésie et vexait l’équipe de traitement et celle de conseil en soins palliatifs. Elle est devenue un code à déchiffrer: de nombreuses visites afin de comprendre pourquoi elle «ne nous laissait pas l’aider» pour soulager sa douleur. Exaspérée, elle a finalement dit à Dr Burge qu’elle était une Juive polonaise, survivante d’un camps de concentration, et que la douleur qu’elle ressentait maintenant n’était rien à comparer à ce qu’elle avait enduré auparavant, que la douleur actuelle était davantage une façon d’ouvrir la voie vers la prochaine vie. Elle est morte quelques jours plus tard.
Dr Burge a exercé la médecine de soins palliatifs pendant un certain temps avant de revenir à la pratique habituelle. Il apprécie actuellement l’expérience «longitudinale» des soins palliatifs: être présent pour un patient qui fait partie d’une relation réciproque médecin-patient depuis des années. Ses années comme consultant dans la vie de patients mourants ont été brèves et intenses, mais les soins palliatifs auprès d’un patient de longue date apportent une puissance et une satisfaction émotionnelles qui redonnent un sens à la relation non palliative avec ses patients habituels.
Photos: Jeff Cooke Photography, Halifax, Nouvelle-Écosse
Story/Texte: Shane Neilson md ccfp, Erin, Ontario
Photos (from left to right)
Dr Burge and Beverley Lawson, Senior Research Associate in Family Medicine.
Left to right: Beverley Lawson, Dr Burge, Gordon Flowerdew, Yukiko Asada, and Grace Johnston, some of the members of the Canadian Institutes of Health Research project team for “Experiences of Care at the End of Life: A Nova Scotia Mortality Follow Back Study.”
Photos (de gauche à droite)
Dr Burge et Beverley Lawson, associée principale de recherche en médecine familiale.
De gauche à droite: Beverley Lawson, Dr Burge, Gordon Flowerdew, Yukiko Asada et Grace Johnston, qui comptent parmi les membres de l’équipe du projet des Instituts de recherche en santé du Canada intitulé: Experiences of Care at the End of Life: A Nova Scotia Mortality Follow Back Study.
Footnotes
-
Dr Burge is a family physician researcher and Professor of Family Medicine and Community Health and Epidemiology at Dalhousie University in Halifax, NS, Co-chair of the Canadian Working Group on Primary Healthcare Improvement, Co-founder of the International Primary Palliative Care Research Group, and a Member of the Board of the North American Primary Care Research Group.
-
Dr Burge est médecin de famille, chercheur et professeur en médecine familiale, en santé communautaire et en épidémiologie à la Dalhousie University à Halifax, en Nouvelle-Écosse, coprésident du Groupe de travail canadien sur l’amélioration des services de santé de première ligne, cofondateur du groupe de recherche international en soins palliatifs de première ligne et membre du Conseil d’administration du North American Primary Care Research Group.
- Copyright© the College of Family Physicians of Canada