Même si les interventions pour lutter contre l’obésité impliquent souvent à des changements au mode de vie familial, les écoles, l’environnement communautaire et les politiques nationales, les médecins de famille peuvent aussi jouer un rôle central dans la prise en charge et la prévention de l’obésité pédiatrique, parce qu’ils entretiennent des relations de longue date avec les enfants obèses et leurs parents1–3.
Les médecins de famille peuvent aisément identifier les enfants à risque élevé de devenir obèses, intervenir et suivre les progrès1–3. Par ailleurs, la plupart des médecins de famille croient qu’ils sont mal préparés à prendre en charge l’obésité chez l’enfant ou encore, ils ont l’impression que leurs efforts ne donnent pas de résultats. Le Tableau 12–9 présente les obstacles multiples empêchant les médecins de famille de reconnaître tôt l’obésité infantile et d’offrir des interventions appropriées.
Obstacles à la prévention de l’obésité pédiatrique cernés par des médecins de famille
Étant donné la prévalence grandissante de l’obésité chez les enfants et l’engagement des gouvernements et de l’Organisation mondiale de la Santé à régler ce problème, on incitera sans doute encore plus les médecins de famille à intervenir davantage. Ces contraintes et ces pressions créent un besoin urgent dans les milieux de soins primaires d’élaborer et d’évaluer des stratégies cliniques novatrices en vue d’éliminer les barrières. Cet article a pour objectif d’identifier les obstacles à la prise en charge et à la prévention de l’obésité pédiatrique, et de proposer des stratégies simples et pratiques pour les surmonter.
Stratégies
Le Tableau 21,2,10–19 présente des stratégies qu’ont proposées des médecins de famille pour surmonter les obstacles à la prévention de l’obésité pédiatrique. Certaines des études examinées ici sont des sondages; elles sont donc influencées par l’échantillonnage, la partialité des réponses des intéressés et les faibles taux de participation. Dans le cas des entrevues, le questionnement ouvert signifiait que les médecins interviewés pouvaient expliquer leurs opinions en détails et soulever des points qui leur tenaient à cœur et en ignorer d’autres. Les attitudes et le comportement des médecins de famille qui n’ont pas participé au sondage ou aux entrevues pourraient être différents. Par conséquent, les renseignements recueillis à partir des sondages et des entrevues ne peuvent pas être généralisés à tous les médecins de famille. Par contre, l’information fournie par ces études suffit pour cerner des solutions à la plupart des préoccupations des médecins de famille.
Stratégies proposées par des médecins de famille pour surmonter les obstacles à la prévention de l’obésité pédiatrique
Il est encourageant de constater que les médecins de famille qui ont dit avoir suivi une formation sur la prise en charge de l’obésité s’évaluaient eux-mêmes considérablement plus compétents. Dans le même ordre d’idées, les médecins de famille au courant des recommandations sont plus facilement enclins à être positifs à propos de leurs propres habiletés en counseling et de leur efficacité globale dans la prévention de l’obésité5,10. L’accessibilité à ces outils aidera éventuellement les médecins de famille à suivre les recommandations des guides de pratique clinique concernant la prise en charge et la prévention de l’obésité pédiatrique.
Davis et ses collaborateurs10 et Koplan et ses collaborateurs 17 ont recommandé que les médecins de famille en milieux de soins primaires: 1) chaque année, calculent les percentiles de l’indice de masse corporelle (IMC) en fonction de l’âge et du sexe chez tous les enfants et adolescents et en fassent le tracé 2) utilisent les changements dans l’IMC pour cerner les gains de poids excessifs en fonction de la croissance; et 3) encouragent les enfants et les parents à avoir une saine alimentation, à être actifs physiquement et à limiter les activités sédentaires.
L’Association médicale canadienne a publié un guide de pratique clinique11 concernant la prise en charge et la prévention de l’obésité chez les adultes et les enfants. Pour prévenir l’obésité pédiatrique, les auteurs recommandent de limiter le temps passé devant l’écran à 2 heures ou moins par jour, d’encourager à faire plus d’activité, de moins manger et de réduire l’exposition aux publicités entourant les aliments. En 2006, j’ai présenté des recommandations à l’intention des médecins de famille précisément pour les patients pédiatriques. J’ai expliqué que les médecins de famille devaient identifier les patients à risque, les encourager à consommer moins de boissons gazeuses sucrées et à réduire leur comportement sédentaire, impliquer les parents, et donner des conseils selon l’âge et exercer très tôt une surveillance1. Néanmoins, la prévalence de l’obésité pédiatrique continue de croître au Canada et dans le monde. Il est évident qu’il est nécessaire de concevoir de meilleures façons de prévenir l’obésité chez les enfants.
Rôles plus prépondérants
Il est difficile de confirmer l’efficacité des interventions par les médecins de famille dans la prise en charge de l’obésité pédiatrique. Cependant, avec les outils proposés ici, les médecins de famille devraient être en mesure de jouer un plus grand rôle dans la prise en charge de l’obésité chez les enfants. Pour aider davantage les médecins de famille, les décideurs devraient appuyer l’éducation et la formation, et faciliter la collaboration entre les médecins de famille et les organisations communautaires, afin d’assurer qu’on utilise au maximum les infrastructures et les ressources locales existantes. Ils devraient promouvoir de saines habitudes de vie, comme l’adhésion au slogan quotidien «5, 3, 2, 1, 0»: 5 portions ou plus de fruits et de légumes, 3 repas structurés (y compris le petit-déjeuner), 2 heures ou moins de télévision ou de jeux vidéos, 1 heure ou plus d’activité physique de modérée à vigoureuse et 0 boisson sucrée. Enfin, les médecins de famille devraient s’impliquer activement dans la prise en charge et la prévention de l’obésité, et se prévaloir des ressources telles que la formation médicale continue pour se renseigner sur les mesures de l’IMC et les nouvelles techniques efficaces de counseling.
Footnotes
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the May 2012 issue on page 503.
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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