En tant que MF, nous savons quelles maladies chroniques affectent nos patients, mais il est beaucoup plus difficile de tenir un registre des patients selon leur problème de santé pour l’ensemble d’une pratique, même si l’information serait vraiment utile sur le plan clinique. Plusieurs MF ont participé à des initiatives d’amélioration de la qualité (AQ) dont l’une des premières étapes consiste à produire une liste de patients ayant un problème donné, afin de vérifier et de surveiller la qualité des soins. Curieusement, cette tâche s’est révélée difficile, même avec des dossiers médicaux électroniques (DME), en partie en raison de la variation dans la façon dont les renseignements sont consignés dans les dossiers de santé. Par exemple, le diabète peut être codé de plusieurs façons : diabète, DS, DT2 ou CIM-9 250 dans différentes sections du dossier, ce qui complique la recherche de ce type de pro blème. Chaque laboratoire utilise différents termes pour le même test. Ainsi, lorsqu’on fait une recherche, on doit inclure tous les termes possibles. Par ailleurs, des notes telles que «le père a le diabète» «exclure le diabète» ou «diabète de grossesse» peuvent engendrer de faux résultats positifs.
Ensuite, multipliez ce défi par les milliers de pratiques à travers le Canada qui utilisent différents DME et l’ampleur du problème devient évidente. Le Réseau canadien de surveillance sentinelle en soins primaires (RCSSSP) est une initiative pancanadienne qui a pour but d’extraire des données en soins primaires communautaires de différents DME et de fournir des renseignements sur certaines des maladies chroniques les plus communes au Canada. Pour étudier ces maladies, nous devons tout d’abord savoir quels patients souffrent de quelle maladie et quelle est la prévalence générale de chaque maladie. Cette situation a incité le RCSSSP à élaborer des définitions de cas dans les DME. Ces définitions n’ont pas été encore adoptées au Canada, car auparavant, il y avait trop peu de médecins en soins primaires qui utilisaient les DME pour permettre un tel processus d’approbation. Les quelques études produites à cet égard se concentraient sur un DME en particulier ou avaient d’autres limites. Dans le contexte de l’utilisation de plus en plus populaire des DME, le RCSSSP offre la possibilité d’élaborer et de valider des définitions de cas dans l’ensemble du Canada et dans plusieurs systèmes de DME différents.
L’exemple suivant, qui porte sur le diabète, illustre comment les définitions de cas du RCSSSP ont été élaborées. Nous avons fondé notre définition du diabète sur un algorithme déjà validé qui utilise les données de facturation: présence de 2 codes de facturation ou plus pour le diabète en 2 ans1. Par contre, cette démarche n’avait qu’une sensibilité de 86 %1. Nous avons donc ajouté la présence d’au moins 2 glycémies à jeun de plus de 7 mmol/l en un an2 ou n’importe quel taux d’hémoglobine A1c supérieur ou égal à 7 %. Nous avons aussi passé en revue les ouvrages à ce sujet3 et consulté notre groupe d’experts cliniciens, puis nous avons ajouté la présence du diabète dans la liste des problèmes (codés ou sous forme de texte libre). Si le diabète ne figurait pas dans la facturation, dans un rapport de laboratoire ou dans les listes de problèmes, nous avons cherché la présence de toute médication hypoglycémique, excluant les femmes de moins de 50 ans qui souffrent du syndrome des ovaires polykystiques et qui prennent de la metformine4, qui ont un diabète de grossesse, un diabète secondaire, de l’hyperglycémie sans autre spécification, selon la codification pour ces problèmes.
Nous avons ensuite donné à des médecins bénévoles une liste de leurs patients qui concordaient avec les définitions dans les DME. Ils ont vérifié la liste en se fiant au logiciel de confirmation des maladies du RCSSSP. Cette méthode nous donnait une très bonne idée de la sensibilité (vrais positifs), mais ne réglait pas les problèmes de la spécificité (faux négatifs).
La prochaine étape, présentement en cours, est de vérifier les définitions des maladies dans les DME en utilisant des dossiers de patients choisis au hasard. Lorsque ce sera terminé, nous espérons avoir standardisé les définitions de cas dans les DME d’au moins cinq maladies chroniques.
Même s’il sera difficile pour les médecins d’utiliser eux-mêmes ces algorithmes standardisés complexes, les pratiques où se trouvent des personnes compétentes en technologies de l’information ou jouissent d’un tel soutien devraient être capables de générer leurs propres registres et pouvoir utiliser les définitions de cas standardisées du RCSSSP. Une fois ces registres accessibles, ils peuvent servir à mettre en œuvre et à surveiller des initiatives d’AQ. Il est utile, pour commencer, de bien nettoyer et de standardiser vos données dans les DME.
Le RCSSSP rédige des rapports de rétroaction périodiques aux participants du Programme sentinelle et utilise les définitions de cas dans les DME du RCSSSP pour identifier les maladies chroniques, pour ensuite mesurer certains indicateurs de qualité. Les rapports comprennent les données sur la pratique et des comparaisons avec des pairs. Les rapports ont été extrêmement bien reçus puisque les médecins et leurs équipes sont vraiment intéressés à connaître la qualité des soins qu’ils dispensent.
Acknowledgments
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a financé cette publication. Les opinions exprimées ne représentent pas nécessairement celles de l’ASPC.
Notes
L’œil de la sentinelle est coordonné par le RCSSSP, en partenariat avec le CMFC, dans le but de mettre en évidence les activités de surveillance et de recherche entourant la prévalence et la prise en charge des maladies chroniques au Canada. Veuillez faire parvenir vos questions ou commentaires à Anika Nagpurkar, Application et échange des connaissances, à an{at}cfpc.ca.
Footnotes
-
The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the July 2012 issue on page 804.
-
Intérêts concurrents
Aucun déclaré
- Copyright© the College of Family Physicians of Canada