Il y a de nombreux points sur lesquels concordent notre position et celle des Drs Labrecque et Cauchon1. Nous convenons que les données tirées de la recherche scientifique sont une composante importante de la médecine et l’une des caractéristiques distinctives de la médecine moderne. Nous sommes d’accord que la médecine doit intégrer les préférences et les valeurs des patients et que les cliniciens devraient être des experts empreints d’humanité.
Par ailleurs, nous croyons qu’il est erroné de dire que la médecine fondée sur des données probantes (MFDP) équivaut à tout ce qui est bon en médecine. La médecine fondée sur des données probantes ne peut pas simplement s’approprier toute la science en médecine. Il y a de nombreuses sciences qui contribuent à la médecine moderne, mais la MFDP préconise que seulement certaines formes de la recherche devraient éclairer la pratique de la médecine. Il est très important de faire une nette distinction entre la science, les données scientifiques et la MFDP.
La médecine fondée sur des données probantes échoue dans l’acquittement d’aspects essentiels de sa mission, comme la fourniture d’outils fiables et validés pour intégrer les valeurs et les préférences des patients dans les soins cliniques. Plutôt que d’être considérées comme parties intégrantes du fondement de la MFDP, des approches centrées sur la personne, axées sur les valeurs et basées sur la narration ont émergé en réaction aux déficiences perçues de la MFDP2–4. Certaines des aides à la décision que mentionnent Drs Labrecque et Cauchon sont louables et les bienvenues1, mais il reste encore beaucoup plus de travail à faire.
La question entourant le rôle de l’industrie des produits pharmaceutiques est une préoccupation que nous avons tous en commun. Pourtant, il n’y a rien dans la trousse d’outils de la MFDP qui aborde les problèmes comme les études supprimées ou la rédaction anonyme. Nous avons besoin d’outils additionnels pour évaluer la crédibilité et la fiabilité de la recherche.
Enfin, nous devons exprimer notre désaccord sur le fait que la MFDP définirait l’excellence dans la pratique médicale5. La médecine fondée sur des données probantes a été largement silencieuse à propos de l’éthique et d’autres éléments essentiels de l’humanisme en médecine5. Elle a réussi à sensibiliser les praticiens aux menaces de la partialité dans les mesures. L’énoncé que la médecine est un art et une science est souvent répété, mais il n’est pas réellement informatif. La science et les arts sont des quêtes humaines remarquablement hétérogènes. La médecine est une pratique éclairée par la science qui repose sur l’impératif moral de répondre aux besoins des personnes qui cherchent à restaurer, à maintenir ou à améliorer leur santé. La médecine fondée sur des données probantes a contribué à l’atteinte de cet objectif, mais elle n’est en aucun cas l’étalon de référence dans les soins.
Acknowledgments
Dr Upshur est appuyé par la Chaire de recherche du Canada en soins de santé primaires.
Footnotes
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré.
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Ces réfutations sont les réponses des auteurs des débats dans le numéro de novembre (Can Fam Physician 2013;59:1160–3 [ang], 1164–7 [fr]).
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