Chers collègues,
Comme bon nombre d’entre vous savez, nous avons adopté le Cursus Triple C1 et entrepris sa mise en œuvre dans nos dix-sept départements de médecine de famille au Canada. Le cursus Triple C repose sur la capacité de démontrer, par une évaluation rigoureuse en cours et en fin de formation, que les résidents ont acquis les compétences de base attendues des médecins de famille qui débutent l’exercice dans la spécialité de médecine familiale. En collaboration avec les départements de médecine de famille, le Collège ajoutera un suivi longitudinal de première importance : les résidents en médecine familiale seront invités à remplir un sondage au début et à la fin de leur résidence, puis trois ans plus tard, lorsqu’ils exerceront la médecine. Nous espérons ainsi pouvoir comprendre dans quelle mesure le programme de résidence prépare nos diplômés à exercer la médecine, cerner l’évolution du champ d’activité des nouveaux diplômés et évaluer leur sentiment d’identité en tant que médecin de famille.
Il nous arrive d’entendre dire que nos diplômés n’exercent pas dans toute la gamme de soins de la médecine familiale. Les causes en sont probablement à la fois générationnelles et multifactorielles. Ont-ils l’impression de ne pas avoir la compétence nécessaire pour offrir la gamme complète de soins? Agissent-ils par manque de confiance?
Faire la distinction
Dernièrement, ma définition de confiance a été remise en question par le Dr Cal Gutkin, mon prédécesseur, qui préconisait une certaine prudence quant aux attentes concernant la confiance des diplômés des programmes de médecine de famille. Il a fait une analogie avec ma candidature au poste de directrice générale et chef de la direction. Au moment de prendre la relève, je lui avais confié mes propres craintes. Il était convaincu que mes années d’engagement au CMFC, d’abord comme dirigeante élue, puis comme membre de la direction, m’avaient bien préparée à occuper ce poste et que j’étais compétente. La confiance, a-t-il ajouté, s’installera avec l’expérience.
La compétence et la confiance ne sont pas synonymes, même s’ils sont parfois utilisés de manière interchangeable. Les écrits s’avèrent peu concluants pour établir la corrélation entre les deux concepts. La meilleure preuve est apportée par la littérature consacrée aux habiletés techniques : la confiance exprimée par les résidents jugés compétents dans une habileté particulière provient de l’expérience — l’expérience tirée de l’occasion régulière (après qu’ils ont été jugés compétents) d’effectuer la procédure et de la répéter au fil du temps.2,3 Dans son livre à succès Outliers, Malcolm Gladwell mentionne que les maîtres d’une discipline, quelle qu’elle soit, doivent avoir 10 000 expériences pratiques à leur actif avant d’exceller dans leur art.4 Il semble également possible de renforcer un sens positif d’efficacité chez les résidents en médecine familiale en apportant des solutions aux problèmes des patients, en discutant de la situation des patients avec des pairs et en obtenant une rétroaction positive de la part des superviseurs, des collègues et des patients.5
Préparer des cliniciens compétents
Le Groupe de travail sur la révision du cursus CanMEDS–Médecine familiale a lié efficacement les rôles CanMEDS-Médecine familiale aux quatre principes de la médecine familiale de Ian McWhinney.6 Les compétences habilitantes associées aux rôles d’expert médical, de communicateur et d’érudit décrivent bien le concept essentiel du médecin de famille en tant que clinicien compétent. L’importance de l’expérience acquise grâce à l’apprentissage par le service est implicite tout au long du document.
Nous espérons que le périple du cursus Triple C vous aidera à mieux préciser le rôle de l’expérience et de l’apprentissage par le service chez les résidents en médecine familiale qui se préparent à devenir des cliniciens compétents. Nous aurons besoin de l’engagement de tous nos enseignements et superviseurs communautaires (en médecine familiale et dans les autres spécialités). Malgré les progrès technologiques et l’accès à l’information, rien ni personne ne peut remplacer ce praticien qualifié, réfléchi, compétent et confiant qui nous accompagne tout au long de notre vie et nous donne des conseils sur les sujets concernant notre santé. J’espère avoir bientôt la possibilité de collaborer avec vous à l’atteinte de cet objectif et je vous invite à me faire part de vos commentaires.
Footnotes
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This article is also in English on page 320.
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