Nous avons besoin d’un plus grand nombre d’Ian McWhinney pour développer ce qu’il appelait la synthèse des sciences, de la technologie et de l’art en médecine, et ce, non seulement en médecine familiale mais dans toute la médecine1. (Traduction libre)
Cette année marque le 60e anniversaire du Collège des médecins de famille du Canada, un jalon important dans l’histoire de la médecine familiale au Canada. Lorsque Dr Ian McWhinney est décédé, en septembre 2012 à l’âge de 85 ans, divers articles publiés ont fait la synthèse de ses travaux et de ce qu’il a apporté à la médecine familiale et déploré la perte d’un homme si remarquable1–3. Pour commencer les célébrations de l’anniversaire du Collège, Le Médecin de famille canadien a choisi non seulement de célébrer les nombreuses contributions de Dr Ian McWhinney à la médecine familiale, mais aussi d’y réfléchir plus en profondeur. À cette fin, les rédacteurs du Médecin de famille canadien ont invité certains penseurs des secteurs de l’enseignement, de la recherche et de la gestion en médecine familiale à se pencher sur les écrits publiés de Dr McWhinney et à réfléchir à la situation de notre discipline aujourd’hui par rapport à ses idées révolutionnaires.
Nous vivons dans une société mondiale de plus en plus spécialisée et menée par des élites de la gestion4. Les généralistes sont une espèce en voie de disparition et la médecine familiale compte parmi les dernières disciplines professionnelles dans lesquelles la perspective généraliste demeure non seulement forte, mais aussi essentielle pour que nous soyons des guérisseurs et des défenseurs efficaces de nos patients et de nos communautés. Handford et Hennen partagent avec nous 10 réflexions venant d’eux-mêmes et d’autres à propos d’Ian McWhinney, du généralisme et des raisons pour lesquelles la perspective et le profil de compétences généralistes sont d’une importance cruciale pour la médecine familiale contemporaine (page 33)5.
Ian McWhinney était un pionnier de l’éducation en médecine familiale. Whitehead et Weston (qui ont travaillé en étroite collaboration avec Dr McWhinney à la University of Western Ontario durant toute leur carrière) ont rédigé une méditation saisissante sur l’importance de la continuité dans la formation des jeunes médecins de famille, en langage simple et magnifique, dans un style que Dr McWhinney lui-même utilisait dans ses écrits (page 24)6.
Vers la fin de sa carrière, Ian McWhinney préconisait de manière convaincante un engagement renouvelé envers la recherche en médecine familiale ancrée dans la découverte clinique. Dans leur participation à ce numéro de la revue, Pimlott et Upshur présentent l’argument selon lequel même si Ian McWhinney avait raison d’affirmer que les observations et les découvertes cliniques devraient être au cœur de la recherche en médecine familiale, son plaidoyer a largement été ignoré. Ils offrent certaines suggestions pratiques sur la façon de redonner à la découverte clinique la place qui lui revient en médecine familiale (page 27)7.
La tâche peut-être la plus difficile a été confiée à Martin et ses collaborateurs. Ian McWhinney n’a pas laissé de testament écrit de ses idées concernant le fonctionnement d’un système de santé efficace et viable. Il est certain qu’un système de santé conçu par Ian McWhinney s’éloignerait d’une approche «de haut en bas», car il croyait en la force, l’adaptabilité et la durabilité des formes qui évoluent organiquement. Martin et ses collègues offrent une vision d’un futur système de santé qui intègre véritablement certaines des plus importantes idées et convictions d’Ian McWhinney (page 30)8.
Le généralisme, la continuité des soins, la découverte enchâssée dans la pratique, de même que les observations cliniques et un système de santé fondé sur les relations à long terme avec les personnes et les communautés; voilà des thèmes récurrents qui se dégagent de cette série de réflexions sur les travaux d’Ian McWhinney. Ils sont aussi pertinents que jamais pour l’avenir de la médecine familiale, la force de notre système de santé et la santé des Canadiens.
Footnotes
This article is also in English on page 9.
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