
Après avoir travaillé dans des services d’urgence à Montréal et à Lachute, au Québec, depuis 1991, Dr Jeffrey Sirzyk s’est dit que le temps serait peut-être venu pour du nouveau. «La vie a réellement changé à mes 50 ans», explique-t-il. Son fils qu’il adore venait de finir ses études secondaires et s’était inscrit à la University of British Columbia. Après des années en solitaire, une femme toute spéciale partageait maintenant sa vie et il avait un nouvel emploi à l’Urgence de l’Hôpital général d’Hawkesbury et district de l’autre côté de la rivière des Outaouais, en Ontario.
«Ma confrontation avec la police fut la cerise qui couronnait le tout», ajoute Dr Sirzyk.
Vous vous souviendrez peut-être d’avoir lu le nom de Dr Sirzyk dans les journaux qui rapportaient sa violente altercation avec 2 membres de la Sûreté du Québec, le corps provincial de police, à l’Urgence de l’Hôpital d’Argenteuil à Lachute en mars 2012. Après qu’il eut refusé de divulguer au téléphone les renseignements personnels d’un patient, Dr Sirzyk a été tiré de son bureau par des agents, collé contre un mur, les bras immobilisés derrière le dos.
Il a éventuellement été libéré et complètement exonéré (alors que les 2 policiers ont fait face à une série d’enquêtes internes). Mais, presque 2 ans plus tard, les patients au service d’urgence de Dr Sirzyk lui demandent encore: «Êtes-vous le médecin qui a eu des démêlés avec la police?». Il affirme que ces «15 minutes» de notoriété ont ruiné «la simple relation anonyme médecin-patient» qu’il avait appréciée pendant de si nombreuses années.
Environ la moitié des médecins dans les services d’urgence ne restent que quelques années, puis s’en vont. Après 23 ans, Dr Sirzyk se dit prêt à relever de nouveaux défis. Peut-être acceptera-t-il des tâches administratives plus importantes ou encore ira-t-il travailler à nouveau en Afrique? Dr Sirzyk a appris le swahili il y a quelques années avant une affectation dans une clinique mobile près du lac Victoria en Tanzanie. Il envisage même la pratique privée.
«À moins de réfléchir à ce que l’on fait, on continue simplement à le faire», explique Dr Sirzyk. Il soup-çonne cependant que, dans 20 ans d’ici, «vous pourriez encore me voir dans un service d’urgence, trot-tant derrière ma marchette, portant mes sous-vêtements Depends».
Le temps serait peut-être venu pour du nouveau... Ma confrontation avec la police fut la cerise qui couronnait le tout.
PHOTOS (À GAUCHE) Dr Sirzyk et les partenaires de sa vie, Carolle Tremblay et son piano. PHOTOS (À DROITE, DE BAS EN HAUT) Dr Sirzyk accompagné des infirmières de l’Hôpital d’Hawkesbury, Christine Lefebvre et Collette Lanthier; des Drs Éric Laviolette et Julie Maranda; et de l’adjoint du médecin, Collin Murray. (EN HAUT) Dr Sirzyk et son fils Toby.
LA PHOTO COUVERTURE Dr Sirzyk apparaît sur la page couverture avec son père, Saul. Saul Sirzyk est né en 1921 à Rovno, en Pologne, et il est le seul membre de sa famille à avoir survécu à l’Holocauste. Il parle 8 langues, était maître boucher et a dirigé une prospère usine de fabrication de fenêtres au Canada.
Photos: Andrée Lanthier, Longueuil, Qué
Notes
LE PROJET DE LA PAGE COUVERTURE Le Médecin de famille canadien a entrepis un projet visant à tracer le portrait de la médecine familiale au Canada. La page couverture de la revue met en vedette un médecin de famille choisi au hasard dans notre liste de membres. Un court texte donne un bref aperçu de la personne et de sa pratique. Avec le temps, cette sélection aléatoire deviendra représentative, car les différences, rassemblées, feront ressortir ce que tous les médecins de famille ont en commun.
Footnotes
Dr Sirzyk est médecin d’urgence et directeur du Service d’urgence à Hawkesbury, en Ontario.
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