
Mais j’ai un parti pris sans contredit
En faveur de mon droit de choisir le côté
Où iront les onces tenaces de mon poids.
Bonaro Overstreet1 (traduction libre)
Alors que j’étais aux études, la poésie était la seule matière pour laquelle j’avais besoin d’un peu de tutorat; cela étant dit, au fil des ans, il est arrivé qu’un poème trouve en moi un écho. L’un d’entre eux en particulier m’a touchée. Il s’agit de «Stubborn Ounces (To One Who Doubts the Worth of Doing Anything If You Can’t Do Anything)» (Onces tenaces [À ceux qui doutent de la valeur d’agir s’ils se sentent impuissants]) par Bonaro Overstreet1, une auteure et psychologue américaine. Même s’il a été publié il y a 60 ans, ce poème évoque pour moi la médecine familiale et les décisions que les médecins prennent à mesure qu’évolue leur carrière avec le temps. Overstreet lance un défi à ceux qui croient que les petits efforts que nous faisons ne feront jamais pencher la balance et affirme qu’elle a le droit de choisir de quel côté iront les quelques onces tenaces de son poids1.
J’ai entendu le poème d’Overstreet pour la première fois aux funérailles de Dre Margaret Mahood, un médecin et une femme remarquable qui s’est faite pendant toute sa vie l’ardente défenderesse de ses convictions et l’une des pionnières de l’assurance-santé en Saskatchewan. J’ai tout de suite pensé aux soins que je dispense à chacun de mes patients. Ces mots m’ont rappelé que les interactions que nous avons avec nos patients ou les gestes que nous posons en leur nom représentent une possibilité de faire pencher la balance du bon côté pour eux. Au fil de mes réflexions plus approfondies sur ce poème, j’ai fait le lien avec notre deuxième principe qui décrit la médecine familiale comme une discipline communautaire et fortement influencée par les facteurs communautaires2. Tout ceci me rappelle le rôle important que jouent les médecins de famille dans leurs communautés en tant que promoteurs de la santé et chefs de file. Notre implication dans des activités du système de santé ou dans d’autres initiatives peut avoir d’importants effets non seulement sur les personnes mais aussi sur la société dans laquelle nous vivons. Nous pouvons ajouter le poids nécessaire pour aider à faire pencher la balance dans une communauté.
De fil en aiguille, j’en suis venue à réfléchir davantage à la façon dont la santé globale et les besoins de la communauté influencent les décisions que nous prenons sur la nature de nos pratiques individuelles en médecine familiale, à l’évolution de nos pratiques à mesure que les besoins de nos patients et de la communauté changent avec le temps. À de nombreux égards, nous pouvons envisager nos carrières comme étant cette balance et voir les besoins sociétaux comme l’un des poids importants qui font pencher la balance au fur et à mesure de nos pratiques.
Beaucoup d’autres facteurs importants influencent les décisions que nous prenons durant toutes nos carrières; toutefois, il est important que nous parlions des effets déterminants des besoins de la communauté et de la société lorsque nous exprimons notre amour de la médecine familiale et de sa diversité. C’est particulièrement le cas lorsque nous parlons à un étudiant qui envisage une carrière en médecine familiale ou à un résident qui prend des décisions concernant la nature de sa carrière à ses tout débuts. En réfléchissant à l’avenir de notre discipline, nous devons nous rappeler le rôle important des besoins sociétaux et nos responsabilités envers la communauté que nous desservons.
Footnotes
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This article is also in English on page 489.
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