«L’une des forces motrices de toute ma carrière d’enseignant a été d’aider les nouveaux diplômés à éviter de vivre ce que j’ai vécu.»
En avril 1970, tout jeune médecin, Dr Wayne Weston a prononcé sa première allocution— La médecine familiale: Une nouvelle spécialité—à l’occasion de la «journée clinique» de l’hôpital. C’était certainement une nouvelle spécialité. Juste 6 mois auparavant, Dr Weston comptait parmi la première douzaine de médecins à recevoir la Certification du Collège des médecins de famille du Canada.
Il se souvient d’avoir été un peu nerveux, mais de très peu d’autres choses. Ce n’est pas étonnant. Au cours de ses 44 ans de pratique médicale et de sa carrière respectable en enseignement, Dr Weston a présenté des centaines d’allocutions et d’ateliers. Même si ses souvenirs de cette première présentation sont maintenant vagues, il croit qu’aujourd’hui, ce discours serait «très différent».
«Quand j’ai suivi mes études de médecine durant les années 1960, il n’y avait pas de formation particulière pour les médecins de famille. Il n’y avait pas de programme de résidence, évoque Dr Weston. On nous enseignait à être paternalistes, à prendre tout en charge et à dispenser le traitement que nous jugions le meilleur. On ne nous enseignait pas à explorer les volontés et les attentes du patient.»
Après l’obtention de son diplôme, Dr Weston raconte qu’il a eu la «chance incroyable» de se joindre à un cabinet de 5 médecins dans le petit village de Tavistock, en Ontario, entre Woodstock et Stratford. C’est là qu’il a appris des médecins seniors les principes fondamentaux de la médecine familiale. Le cabinet desservait une large population de patients venant des fermes et des villages avoisinants. L’un de ces médecins seniors, Dr Bruce Halliday, a aussi été député de la circonscription d’Oxford pendant près de 20 ans.
« Nous devons faire de notre mieux pour écouter ce que les patients expriment »
«Il m’a appris que la politique n’est pas bien différente de la médecine, explique Dr Weston. Vous passez votre journée assis au bureau et des gens viennent vous voir avec leurs problèmes. Vous les écoutez, puis vous les aidez à trouver les ressources dont ils ont besoin.»
De nos jours, les patients ont accès à plus d’information, ont tendance à s’autodiagnostiquer et à s’inquiéter de l’efficacité de différentes options thérapeutiques. Ils se présentent avec des opinions, des attentes et des questions. Les médecins doivent donc s’ajuster.
«Nous devons faire de notre mieux pour écouter ce que les patients expriment afin de bien comprendre leurs besoins, leurs valeurs et leurs buts dans la vie, poursuit Dr Weston. Il ne s’agit pas de faire tout ce qu’ils veulent, ni de prendre le contrôle. Il faut plutôt leur offrir le bénéfice de notre expertise et travailler ensemble à établir un plan de traitement qui réduit les effets de la maladie sur ce qui leur importe véritablement.»
Dr Weston se souvient encore de s’être senti perdu durant les premières années de sa pratique familiale. «L’une des forces motrices de toute ma carrière d’enseignant a été d’aider les nouveaux diplômés à éviter de vivre ce que j’ai vécu», lance-t-il en riant.
Un médecin doit savoir comment annoncer de mauvaises nouvelles aux patients, élucider leurs préférences en matière de traitements à l’approche de la fin de leur vie et divulguer les erreurs ou les «incidents évités de justesse» plutôt que d’essayer de les dissimuler. Avant tout, les étudiants en médecine et les résidents «doivent se rendre compte de la complexité de la communication, préconise Dr Weston, et s’ils perfectionnent ces compétences, cet art fera une grande différence pour la santé et l’avenir de leurs patients.»
Footnotes
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Dr Weston est médecin de famille à la retraite, vit à London en Ontario et est professeur émérite au Département de médecine familiale de la Western University à London.
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