De notre point de vue, la pluie semble aléatoire. Si nous pouvions la voir d’un autre angle, nous en verrions l’ordre. (Traduction libre)
Tony Hillerman
La revue Le Médecin de famille canadien (MFC) lançait en janvier 2011 une page couverture d’un genre dramatiquement différent1. Inspirés par la combinaison magistrale de biographies et de photographies dans A Fortunate Man2 de John Berger et peu inspirés par la première page plus classique d’autres revues, nous au MFC voulions dresser chaque mois le profil d’un médecin de famille canadien et essayer de saisir certains faits saillants de leur vécu personnel. En choisissant au hasard les sujets parmi la liste des quelque 32 000 membres du Collège des médecins de famille du Canada, nous espérions qu’avec le temps, chaque histoire individuelle, chaque pixel, créeraient ensemble un riche portrait de l’effectif des médecins de famille au Canada. Par notre sélection randomisée, nous voulions éviter les narrations habituelles mettant en vedette des médecins de famille surperformants.
Au début du projet, nous ne savions pas combien de temps il faudrait pour dresser ce riche portrait. Le numéro de ce mois-ci marque la dernière parution de cette page couverture.
Durant les 5 années du projet, nous avons reçu beaucoup de commentaires sur les couvertures et les récits de la part des lecteurs et des sujets eux-mêmes, majoritairement favorables, mais d’autres moins. De nombreux lecteurs, même durant la dernière année, n’ont pas réalisé que les sujets étaient bel et bien choisis au hasard, même si nous le leur rappelions chaque mois. Bien sûr, même si nous communiquions aléatoirement avec les sujets potentiels, c’est à eux que revenait la décision de participer. Évidemment, durant les premiers mois du projet, bon nombre de ceux avec qui nous communiquions n’étaient pas sûrs de ce que nous tentions d’accomplir et refusaient de participer, mais, vers la fin, nous n’avons reçu presque aucun refus.
Parmi les commentaires négatifs, on disait que de nombreux sujets de notre page couverture n’étaient pas de « vrais » médecins de famille parce qu’ils travaillaient dans des pratiques ciblées. Une lecture plus approfondie des récits portant sur les sujets de la couverture révèle le contraire. La majorité des médecins de famille dont le profil est présenté exercent dans des champs de pratique élargis, répondant non seulement aux besoins de leurs patients individuels, mais aussi à ceux de leurs communautés.
Et qu’en ont pensé les médecins de nos pages couvertures? Presque tous ont répondu qu’ils avaient apprécié grandement la possibilité de raconter leur histoire personnelle qui les a conduits à devenir médecins de famille et leur vécu en tant que tels, d’avoir profité d’un bref moment pendant lequel leurs pairs les voyaient et entendaient parler d’eux et de leur travail. En plus de présenter leur travail enrichissant comme médecins de famille, certains ont choisi de faire partager la fierté de leur vie familiale, de leur long cheminement à partir de leurs origines, d’autres de faire connaître leurs passe-temps et leurs intérêts, sans compter ceux qui ont révélé leur engagement dans leurs communautés.
Que montre ce portrait « final »? C’est aux lecteurs qu’il revient d’en décider. De son côté, l’équipe rédactionnelle du MFC a observé beaucoup de choses : les côtés riches et communs des médecins de famille au Canada, la fierté qu’ils éprouvent pour leur travail, leur famille et leurs communautés, leur passion pour la médecine familiale et les passe-temps qui enrichissent leur vie, de la musique aux sports en passant par le bénévolat. Nous espérons que vous aussi avez vu un peu de tout cela.
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