Je suis complètement d’accord avec les deux premiers points du Dr Downar, même si son raisonnement me laisse quelque peu perplexe1. Je peux facilement m’imaginer des circonstances où il semblerait dans le meilleur intérêt d’une personne de mourir plus tôt que plus tard et j’accepte volontiers que des adultes lucides soient bien placés pour déterminer quand le décès est dans leur intérêt.
Toutefois, je refuse catégoriquement l’énoncé selon lequel « il n’est dans l’intérêt de qui que ce soit de refuser aux patients le droit à l’aide médicale à mourir 1 » (italiques ajoutés). Cet énoncé est aussi complètement faux que l’insinuation subséquente selon laquelle l’opposition à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté ne vise qu’à « empêcher une personne rationnelle de voir à ses meilleurs intérêts1. »
Les sociétés civiles doivent nécessairement imposer des limites aux libertés individuelles pour le bien de l’ensemble de la communauté. À l’instar de tous les Canadiens qui devraient le faire, je me préoccupe des intérêts de tous. Il n’est pas dans l’intérêt d’une société éclairée de légaliser, de normaliser et d’institutionnaliser le suicide assisté ou l’homicide par compassion de patients lucides et disposés. Cela ne sera pas non plus dans l’intérêt de cette société, dans une génération ou deux, lorsque la normalisation s’élargira inévitablement aux patients non lucides et inconscients, s’ils ne sont pas nécessairement réticents (encore)2. Point final.
(Pendant que j’écris ces lignes, l’état d’Oregon se penche sur un projet de loi qui assouplirait les restrictions imposées à l’homicide légalisé, certains ayant apparemment déjà trouvé les mesures de protection trop restrictives2.)
Le 6 février 2015, la Cour suprême du Canada a rendu un mauvais service aux Canadiens actuels et futurs en offrant un « remède » honteusement vaste à un problème exagéré et effroyablement mal compris3. L’homicide légalisé ne peut être la solution à la vie et à la mort médicalisée.
Médecins, levez-vous. Et ne tenez pas pour acquis qu’il existe une distance morale entre ceux qui prescriraient volontiers les médicaments mortels seulement et vos collègues qui seraient prêts à pousser le piston de la seringue. Si vous remettez à une patiente un pistolet et des munitions, et lui enseignez comment charger et utiliser l’arme, vous serez moins ensanglanté que si vous-même pressez la détente, mais vous n’en seriez pas moins complice.
Footnotes
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The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the April 2015 issue on page e175.
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Ces réfutations sont les réponses des auteurs des débats dans le numéro d’avril (Can Fam Physician 2015;61:314–8 [ang], 320–5 [fr]).
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Intérêts concurrents
Aucun déclaré
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