Les cigarettes électroniques (vapoteurs) peuvent aider les patients à cesser de fumer et elles devraient servir exclusivement à cette fin.
Mark Twain disait : « Cesser de fumer est la chose la plus facile au monde. Je le sais, parce que je l’ai fait des milliers de fois ». Malgré les choix actuels d’aides au sevrage tabagique, leur taux de réussite continue d’être faible1–3. Il est bien connu que fumer endommage presque tous les organes du corps4 et arrêter de fumer peut ajouter des années à la vie de votre patient. Le présent article examine pourquoi les cigarettes électroniques peuvent assister nos patients dans leur démarche.
Inquiétudes possibles
On attribue l’invention du vapoteur mis sur le marché asiatique en 2004 à Ruyan, une entreprise chinoise5. Le « vapotage » (l’acte d’utiliser une cigarette électronique) est plus sain que fumer parce que le vapoteur ne produit pas de fumée, ne contient pas les composés toxiques présents dans la cigarette traditionnelle et ne dégage pas de fumée secondaire. Il reste toutefois des inquiétudes possibles. En 2009, la Food and Drug Administration des États-Unis a effectué une analyse de 2 marques de cartouches de vapoteurs. Des traces de nitrosamines carcinogènes étaient présentes dans la moitié des échantillons et des composés potentiellement dommageables, comme l’anabasine, la myosmine et la β-nicotyrine, ont été décelés dans la majorité des échantillons analysés6. Ces composés sont aussi présents dans la fumée du tabac à des concentrations qui sont de 100 à 1000 fois plus élevées que dans les vapoteurs! L’utilisation du propylène glycol, principal ingrédient dans la plupart des cartouches de vapoteur, est approuvée dans les produits au Canada comme agent de conservation alimentaire, dans les inhalateurs et les nébuliseurs pour l’asthme, ainsi que dans les appareils qui produisent des imitations de fumée au théâtre. Ses effets sur la santé sont, au mieux, controversés.
On peut aussi se préoccuper que l’utilisation en public du vapoteur puisse normaliser à nouveau l’utilisation des produits du tabac7. Les cartouches contenant de la nicotine aromatisée plaisent aux jeunes, ce qui pourrait potentiellement servir d’avenue au développement d’une dépendance nocive à la nicotine. Cela dit, toutes les études sur la population adulte démontrent que les taux les plus élevés d’utilisation du vapoteur se retrouvent chez les fumeurs actuels, suivis des anciens fumeurs, et que très peu de non-fumeurs l’utilisent. Toutefois, l’essai du vapoteur et son utilisation ont augmenté dans toutes ces catégories8. Dans un échantillon d’utilisateurs du vapoteur recrutés par des sites web voués à la cessation des vapoteurs et du tabagisme9, la plupart (72 %) étaient d’anciens fumeurs au point de départ.
Au Canada, seuls les vapoteurs sans nicotine sont légaux. Nous devons nous assurer que des lois précises interdisent l’usage des vapoteurs dans les mêmes endroits où les cigarettes normales ne sont pas permises. Ils ne devraient pas être aromatisés ni vendus à des mineurs.
Choix nécessaire
Les gens fument pour diverses raisons et, par conséquent, ont besoin d’une diversité de choix pour les aider dans leurs tentatives d’arrêter de fumer. La dépendance à la nicotine, l’habitude, le stress et le mode de vie sont tous des facteurs à prendre en compte. Parmi les raisons de fumer mentionnées par certains figurent les suivantes : « J’en allume une quand je suis en colère. » « Je suis très conscient de ne pas fumer si je n’ai pas de cigarette à la main. » et « Je me retrouve avec une cigarette à la bouche et je ne me souviens même pas de l’y avoir mise. »10. Il peut être utile pour les patients de pouvoir imiter le geste de fumer avec un vapoteur. Dans l’étude ECLAT (Efficiency and Safety of an Electronic Cigarette), 11 % des fumeurs qui avaient reçu des vapoteurs contenant de la nicotine ont signalé à leur dernière visite de suivi s’être abstenus de fumer des cigarettes normales11. Polosa et ses collègues ont suivi 23 personnes qui ne planifiaient pas d’arrêter de fumer à qui ils ont fourni des vapoteurs contenant de la nicotine; à la visite après 24 mois, 18 fumaient encore et 11 avaient réduit leur consommation de cigarettes de 50 % ou plus, notamment une réduction statistiquement significative allant d’en moyenne 24 cigarettes par jour à 4 (p = ,003)12. Après 24 mois, 5 participants avaient cessé de fumer la cigarette.
Conclusion
Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Les vapoteurs sont une stratégie de réduction des dommages pour les fumeurs actuels. Les vapoteurs peuvent aider vos patients à arrêter de fumer, ce qui représente le plus important changement qu’ils puissent faire pour leur santé!
Notes
CONCLUSIONS FINALES — OUI
Alan Kaplan md ccfp(em) fcfp
Les aides actuelles au sevrage tabagique ont une utilité limitée et ne règlent pas la composante « habitude » qui pousse les gens à fumer. Les cigarettes électroniques (vapoteurs) comblent cette lacune, mais elles ne devraient pas servir à d'autres fins.
Utiliser un vapoteur est moins dommageable pour la santé que fumer des cigarettes normales, parce que les vapoteurs ne produisent pas de fumée directe ni secondaire et ne contiennent pas les mêmes concentrations de composés toxiques que les cigarettes traditionnelles.
Il faudrait des lois pour assurer un usage approprié des vapoteurs. Ils ne devraient pas être aromatisés ni contenir de la nicotine et leur vente devrait être interdite aux mineurs.
Footnotes
This article is also in English on page 499.
Intérêts concurrents
Le Dr Kaplan a siégé à des comités consultatifs et a reçu des honoraires pour la présentation de conférences, et ce, pour le compte de Pfizer, ainsi que de Johnson & Johnson.
Les parties à ce débat contestent les arguments de leur opposant dans les réfutations à www.cfp.ca. Participez à la discussion en cliquant sur Rapid Responses à www.cfp.ca
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