
L’orsque la Dre Wendy Norman a choisi son siège lors de l’assemblée générale annuelle d’un organisme de bienfaisance en 2008, elle était loin de se douter qu’elle était sur le point de complètement « réorienter » sa carrière médicale. « Je me suis retrouvée à côté d’une collègue qui suivait une formation quelques jours par semaine en tant que clinicienne chercheuse pour examiner des moyens pratiques d’améliorer l’efficience des soins de santé au Canada, raconte la Dre Norman. Le travail semblait fascinant et son département avait créé une bourse de mentorat, d’environ 1000 $, qui pouvait me permettre de préparer avec son aide une proposition de recherche axée sur la pratique. »
La clinique où pratiquait la Dre Norman venait de réorganiser son horaire pour la libérer une journée par semaine. Ses fils étaient maintenant à l’école à temps plein, « cette possibilité ne pouvait pas se présenter à un moment plus propice », dit-elle en riant.
Cette proposition initiale s’est mérité une subvention de 25 000 $ du BC Women’s Hospital qui a aidé la Dre Norman à mettre sur pied le Groupe de recherche sur l’accessibilité à la contraception (www.cart-grac.ca). Cette collaboration interdisciplinaire nationale recueille des données et effectue les études contextuelles détaillées nécessaires pour élaborer et appuyer des programmes et des politiques de planification familiale progressistes dans toutes les régions du Canada.
Puis, les propositions se sont succédé, multipliant par plus de 150 le modeste investissement initial, et cette suite d’activités a atteint un point culminant en 2014 avec la nomination de la Dre Norman à titre de titulaire d’une Chaire de recherche en santé publique appliquée pour diriger son Programme de recherche en planification familiale à l’Université de la Colombie-Britannique. Les Instituts de recherche en santé du Canada ont fourni un financement quinquennal initial, tandis que le Département de médecine familiale de l’Université de la Colombie-Britannique a promis un soutien financier pour 5 années additionnelles. « J’ai ainsi un mandat de recherche pour au moins les 10 prochaines années », explique-t-elle. Le financement protège 75 % du temps de la Dre Norman pour la recherche et le reste est divisé entre sa pratique médicale et ses tâches d’enseignement.
Jusqu’à présent, la Dre Norman a initié 19 projets de recherche et publié 20 articles, sans compter 3 autres qui en sont à l’étape de la révision par des pairs. Il s’agit tous de projets de recherche appliquée visant des résultats immédiats et tangibles. Par exemple, dans son premier projet de recherche, la Dre Norman a constaté que l’un des problèmes les plus urgents en contraception se situait dans les restrictions imposées aux femmes des Premières Nations quant à leur choix de contraception; selon les politiques bureaucratiques, elles ne pouvaient recevoir un nouveau stérilet intra-utérin qu’aux 5 ans, même si le premier modèle devait être retiré pour des raisons médicales ou une grossesse planifiée. « Nous avons recueilli l’information, nous avons examiné les données probantes et nous avons présenté nos résultats à Santé Canada, explique la Dre Norman. Deux semaines plus tard, la politique était changée. »
Son équipe fait actuellement du porte-à-porte en Colombie-Britannique afin de compiler des données pour mieux comprendre les intentions en matière de grossesse des Canadiennes. « Les grossesses non désirées imposent un immense fardeau économique sur le plan individuel et pour la société, indique la Dre Norman. Notre programme de surveillance et de modélisation avancée fournira des données probantes convaincantes pour déterminer s’il est rentable d’offrir gratuitement la contraception. C’est un projet de recherche avant-gardiste. »
Malgré son emploi du temps chargé, la Dre Norman voit encore des patients et travaille régulièrement dans diverses cliniques. « Mes travaux de recherche sont pragmatiques et axés sur la façon dont les politiques et les services médicaux fonctionnent dans le monde réel, dit-elle. La relation bilatérale médecin-patient demeure au cœur de ce que je fais et elle alimente grandement mes recherches et mon enseignement. »
«La recherche en MF est ma meilleure avenue pour améliorer la santé de nos patients»







PHOTOS (À GAUCHE) : La Dre Norman dans ses bureaux de recherche de l’Institut de recherche en santé des femmes du BC Women’s Hospital à Vancouver et faisant connaître certaines des constatations de sa recherche.
PHOTOS (À DROITE) : (De bas en haut) La Dre Norman partageant un moment de tranquillité dans le parc avec son conjoint, Olaf Lepper. La Dre Norman et Olaf accueillent son plus jeune fils, Marek Blachut, de retour du Népal où il est allé comme bénévole avec Habitat pour l’humanité. La Dre Norman se relaxant à la maison. (Ci-dessus) Olaf communique sa passion en tant que tourneur de bois et enseignant et explique une œuvre en loupe de bois qui s’est mérité un prix.
Footnotes
La Dre Norman est présidente de la Section des chercheurs du CMFC et est titulaire d’une Chaire de recherche des IRSC en santé publique appliquée dans le domaine de la planification familiale. Elle dirige le réseau national du Groupe de recherche sur l’accessibilité à la contraception et ce, à l’Institut de recherche en santé des femmes du BC Women’s Hospital à Vancouver.
PHOTOS: Cathie Ferguson, Victoria, BC
STORY/TEXTE: William M. Glenn, Toronto, Ont
LE PROJET DE LA PAGE COUVERTURE Le Médecin de famille canadien a entrepris un projet visant à tracer le portrait de la médecine familiale au Canada. La page couverture de la revue met en vedette un médecin de famille choisi au hasard dans notre liste de membres. Un court texte donne un bref aperçu de la personne et de sa pratique. Avec le temps, cette sélection aléatoire deviendra représentative, car les différences, rassemblées, feront ressortir ce que tous les médecins de famille ont en commun.
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