On compte 8 importantes réserves des Premières Nations dans les environs de la petite ville de High Level, nichée au cœur des forêts boréales du Nord-Ouest albertain. C’est l’une des principales raisons qui ont motivé la Dre Jennifer Parker à s’y installer durant l’été de 2014, pour poursuivre sa profession en médecine familiale rurale après un séjour d’une couple d’années à Fort St John, en Colombie-Britannique. « Mon patrimoine de Métisse-Crie fait partie intégrante de mon identité, dit-elle. Ne vous laissez pas leurrer par ma peau blanche. Il y a un fier cœur d’Autochtone qui bat à l’intérieur. »
La Dre Parker vient de terminer une formation postdoctorale en compétences chirurgicales et obstétricales avancées près de Grande Prairie, en Alberta, et elle partage son temps entre une pratique familiale en plein essor à la Clinique médicale de High Level et des quarts à l’urgence du Northwest Health Centre affilié. Elle tient aussi une clinique hebdomadaire d’intervention directe dans la communauté à prédominance Dene Tha’ à environ 70 km au nord de High Level. À chaque fois qu’elle le peut, elle se rend dans des réserves plus petites et plus éloignées.
Quand on travaille dans une réserve, il vaut toujours mieux respecter le savoir et les médecines traditionnelles des Premières Nations, surtout lorsque les approches conventionnelles ne semblent pas fonctionner. « Il faut parfois relâcher la bride, explique la Dre Parker. C’est un honneur et un privilège lorsque les guérisseurs traditionnels acceptent de travailler avec moi. Je n’ai pas encore gagné toutes mes épaulettes, mais j’y travaille avec plaisir. »
Elle et son partenaire Shane, électricien et actuellement père à la maison, apprennent de précieuses leçons à propos du parentage. « Notre fils de 16 mois, Holden, me fascine à chaque jour, raconte la Dre Parker. Je ne suis pas encore experte en parentage mais, au moins, je peux légitimement dire aux mamans nerveuses de ne pas s’inquiéter et qu’elles passeront au travers. »
Après l’obtention de son diplôme, durant ses heures libres comme médecin membre du personnel de l’hôpital à Fort St John, la Dre Parker a commencé à travailler étroitement avec des jeunes à risque, leur racontant ses expériences personnelles et les mettant en garde contre les dangers de la consommation abusive d’alcool et de drogues. « J’ai grandi dans une petite ville. Je suis allée dans les soirées. J’avais des tatouages et les cheveux colorés, dit-elle. C’est peut-être pour cette raison que mon message réussit à passer. »
Elle aime encore agir comme mentor auprès des jeunes, autochtones ou non. « Je leur dis qu’ils peuvent aller à l’université. Je leur montre qu’il y a une vie au-delà de la réserve, au-delà du petit village. Je suis toujours prête à ‘babiller’ avec quiconque veut bien m’écouter », confie-t-elle en riant.
Mais la médecine rurale est maintenant et a toujours été le projet qui lui tient le plus à cœur. « J’ai envisagé brièvement faire carrière comme oncologue pédiatrique, se souvient la Dre Parker, mais la médecine familiale est une vocation. J’adore faire face à n’importe quel problème médical qui entre, se traîne ou rampe dans le cabinet. »
«Il faut parfois relâcher la bride»
Footnotes
La Dre Parker a récemment obtenu son certificat de compétences avancées en chirurgie obstétricale et en gynécologie fondamentale et pratique maintenant à temps plein à High Level, en Alberta.
PHOTOS: Stephen Beard, Fort St John, BC
STORY/TEXTE: William M. Glenn, Toronto, Ont
LE PROJET DE LA PAGE COUVERTURE Le Médecin de famille canadien a entrepris un projet visant à tracer le portrait de la médecine familiale au Canada. La page couverture de la revue met en vedette un médecin de famille choisi au hasard dans notre liste de membres. Un court texte donne un bref aperçu de la personne et de sa pratique. Avec le temps, cette sélection aléatoire deviendra représentative, car les différences, rassemblées, feront ressortir ce que tous les médecins de famille ont en commun.
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