Scénario
Vous parcourez les actualités en ligne et vous lisez qu’à la plus récente assemblée des Nations Unies, les chefs d’État se sont engagés à adopter une approche coordonnée pour s’attaquer aux causes profondes de la résistance aux antimicrobiens. Vous vous demandez bien pourquoi ce sujet a été abordé aux Nations Unies et vous poursuivez votre lecture. Le problème ne se limite pas à la santé humaine. Les antibiotiques sont aussi utilisés chez les animaux et la situation touche donc la santé animale, la chaîne alimentaire, le commerce international et l’environnement. Il faut des antibiotiques, des diagnostics et des vaccins novateurs pour éliminer la résistance aux antimicrobiens, et l’industrie doit donc aussi s’impliquer. « La résistance aux antimicrobiens représente une grave menace pour la santé humaine, le développement et la sécurité...Le temps presse », a déclaré la directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé1.
Données probantes
On a qualifié la résistance aux antimicrobiens de lente catastrophe. Autrefois, si vous traitiez une infection bactérienne et qu’un antibiotique donné ne fonctionnait pas, vous en utilisiez simplement un autre. Toutefois, les choix se font moins nombreux et, dans certains cas, ont disparu. Le nombre de cas de gonorrhée multirésistante aux antibiotiques signalés tant à l’échelle mondiale qu’à l’échelle nationale est en hausse, et la possibilité que la gonorrhée devienne non traitable est réelle2. La tuberculose très pharmacorésistante ne répond pas à au moins 4 médicaments contre la tuberculose, et elle a été identifiée dans 105 pays3. Autre situation inquiétante, le gène MCR1 se propage rapidement et il confère une résistance à la colistine, un médicament de dernier recours contre les bactéries multirésistantes à Gram négatif. Le gène MCR1 est un plasmide et il peut donc se transférer à d’autres types de bactéries4.
Comment peut-on s’attaquer, à l’échelle nationale, à une menace complexe à la santé mondiale? En tant que principale responsable public en matière de maladies infectieuses au Canada, l’Agence de la santé publique du Canada a harmonisé ses travaux avec le Plan d’action global de l’Organisation mondiale de la Santé et a adopté l’approche Une santé, qui reconnaît que la santé humaine est reliée à la santé animale et environnementale. L’Agence de la santé publique du Canada a travaillé avec 12 autres organismes fédéraux et a cerné des éléments clés sur lesquels mettre l’accent : la surveillance (de manière à faire le suivi du problème et des effets de nos interventions), l’intendance (pour prévenir et contrôler les infections et faire un usage judicieux des antibiotiques dont nous disposons) et l’innovation (pour arrêter la progression de la résistance et trouver des solutions de rechange)5. Environ 80 % des antibiotiques au Canada sont utilisés pour les animaux destinés à l’alimentation6 et c’est pourquoi des efforts sont déployés pour modérer le recours aux antibiotiques dans l’industrie alimentaire. Des travaux ont aussi été amorcés avec les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et avec des partenaires clés, portant sur la création d’un cadre pancanadien devant orienter les efforts nationaux pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens au Canada5.
En définitive
Attendez-vous à voir de plus en plus d’initiatives visant à régler le problème de la résistance aux antimicrobiens. Votre hôpital pourrait mettre sur pied un programme d’intendance de manière à augmenter le nombre de points de contrôle : si des antibiotiques ont été prescrits, ont-ils été réévalués après 48 heures? Combien de temps le patient doit-il les prendre? La recherche et l’innovation sont à l’œuvre pour répondre à la nécessité d’avoir des tests diagnostiques rapides aux points de service, des applications permettant d’étudier les tendances locales de la résistance aux antibiotiques pour des infections courantes et des programmes d’intendance à l’appui des soins primaires, et pour faire progresser la prévention des infections et les techniques de contrôle. La résistance aux antimicrobiens est un exemple parfait de « penser globalement, agir localement ». Nous devons tous participer aux efforts internationaux pour préserver cette importante option thérapeutique.
Notes
RMTC RELEVÉ DES MALADIES TRANSMISSIBLES AU CANADA
Les faits saillants du RMTC font la synthèse des dernières données probantes sur les maladies transmissibles tirées de récents articles publiés dans le Relevé des maladies transmissibles au Canada, une revue révisée par des pairs publiée en ligne par l’Agence de la santé publique du Canada. Ces faits saillants ont été rédigés par la Dre Patricia Huston, médecin de famille spécialisée en santé publique et rédactrice en chef du Relevé des maladies transmissibles au Canada.
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