Scénario
Un jour, votre fille de 8 ans revient à la maison et vous apprend qu’il y a un nouvel élève dans sa classe : un garçon syrien. Elle a remarqué qu’il était très tranquille. Quelques jours plus tard, vous recevez un courriel de l’enseignante de votre fille pour vous inviter à parler devant la classe. « Certains enfants s’inquiètent des maladies infectieuses, écrit-elle. Ce serait bien qu’un médecin s’adresse aux enfants pour les rassurer que les réfugiés syriens ne posent pas de risques pour la santé. » Vous jugez qu’il est important que le nouveau Canadien à l’école parte du bon pied et vous acceptez l’invitation.
Contexte
Vous saluez la classe et commencez en leur racontant un peu d’histoire. Vous leur montrez des photos des 6 sites du patrimoine mondial en Syrie et leur dites : « La Syrie est un pays magnifique et très ancien. À l’époque de l’Égypte antique, en 3500 av. J.-C., le pharaon était ami avec le roi d’Ebla, là où se trouve la Syrie maintenant, et ils faisaient du commerce1 ». Vous faites remarquer que la Syrie était semblable au Canada d’une certaine façon. Sa population était formée de gens de partout dans le monde venus y vivre.
La langue principale est l’arabe, mais on y parle aussi des douzaines de langues. Avant, les Syriens avaient de la chance et toutes les fêtes religieuses musulmanes et chrétiennes étaient des congés officiels. Mais la chance a disparu et une grande guerre s’y déroule. Il y a des bombes et des combats. Plus de la moitié de la population a dû fuir où elle vivait. Les gens s’en sont allés vers les campagnes ou ont quitté le pays. Presque 5 millions de personnes sont maintenant des réfugiés2. Imaginez que c’est comme si tous les habitants de Toronto, de Montréal et de Vancouver étaient soudainement partis.
Vous demandez alors : « Y a-t-il quelqu’un qui a décidé d’aider les Syriens? ».
Tous les enfants hochent la tête et l’un d’entre eux lève la main. «Oui, nous en avons accueilli certains au Canada. »
« Vous avez absolument raison. Lorsque notre nouveau premier ministre a été élu, il a dit que nous accepterions 25 000 réfugiés et nous l’avons fait. » Ensuite, vous posez la question : « Mais comment avons-nous fait? Était-ce en toute sécurité? ». Tous les regards des enfants sont maintenant tournés vers vous. « Je suis heureux de vous apprendre qu’un processus très rigoureux a été mis en place. Le Canada a travaillé avec le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés pour identifier les meilleures personnes à accueillir. Un médecin a examiné chaque réfugié avant son départ pour lui donner l’autorisation de voyager. Les responsables de la santé publique au Canada ont publié des statistiques et aucune inquiétude n’a été signalée au sujet des maladies infectieuses3. Ces Syriens ont tout de suite reçu une carte d’assurance-maladie, ont commencé à apprendre le français et l’anglais et à s’installer. En réalité, les gens en provenance de la Syrie se débrouillent étonnamment bien. » Vous expliquez ensuite le concept de la résilience et les façons d’aider les nouveaux Canadiens.
En définitive
Aucun problème de santé important n’a été cerné chez les réfugiés syriens. Toutefois, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué que certains d’entre eux auront des besoins importants, car les traumatismes émotionnels provoqués par l’expérience de vivre en zone de guerre, puis en camps de réfugiés, pourraient ne pas être immédiatement apparents4. Malheureusement, l’intimidation des enfants et des adolescents réfugiés n’est pas rare5,6. Les Syriens sont reconnus pour avoir une bonne cohésion familiale et c’est là un facteur de protection5, tout comme leur attitude positive à l’endroit de leur origine culturelle6. Encourager une saine intégration des enfants syriens dans le système scolaire du Canada contribuera à favoriser le bien-être de nos nouveaux Canadiens.
Notes
RMTC RELEVÉ DES MALADIES TRANSMISSIBLES AU CANADA
Les faits saillants du RMTC font la synthèse des dernières données probantes sur les maladies transmissibles tirées de récents articles publiés dans le Relevé des maladies transmissibles au Canada, une revue révisée par des pairs publiée en ligne par l’Agence de la santé publique du Canada. Ces faits saillants ont été rédigés par la Dre Patricia Huston, médecin de famille spécialisée en santé publique et rédactrice en chef du Relevé des maladies transmissibles au Canada.
Footnotes
The English version of this article is available at www.cfp.ca on the table of contents for the April 2016 issue on page 321.
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