
Chers collègues,
L’année tirant à sa fin, j’aimerais parler de la situation difficile à laquelle beaucoup d’entre nous sont confrontés sur le plan du soutien et du respect, en raison de certains messages véhiculés par les décideurs. Cela dit, je souhaite souligner allègrement le fait que les patients continuent de montrer à quel point ils apprécient le lien de confiance qui les unit à leur médecin de famille1. Les auteurs d’un article paru dans le New Zealand Medical Journal ont mis en évidence le caractère pluridimensionnel de cette relation, en plus de réitérer le rôle majeur du temps, du lieu et du contexte ou de la situation dans notre perception du professionnalisme et son évolution future2. Notre travail s’effectue de plus en plus en ligne, et l’utilisation des réseaux sociaux est désormais une pratique acceptée. Ainsi, nous sommes entrés dans un nouveau contexte et une nouvelle époque qui exigent que l’on porte attention à des enjeux comme l’identité et la vie privée. Les répercussions touchent également notre manière d’interagir avec nos patients et nos collègues2. Les apprenants et les praticiens n’ont-ils jamais de temps d’arrêt en ce qui concerne leur comportement professionnel ? Si l’on considère les interactions avec les collègues, qu’est-ce qui fait un bon collègue aujourd’hui ?
Voici les récents commentaires à ce sujet de personnes qui ont assisté au Conseil général et à l’Assemblée annuelle de l’Association médicale canadienne : il y a de plus en plus de discorde et un manque de civilité grandissant dans la profession ; on ne lutte pas activement contre cette culture montante dans le domaine de la médecine ; et les différentes spécialités n’accordent pas toutes la même importance relative à cet enjeu, ce qui entrave ultimement les efforts communs des médecins3. Les participants ont parlé d’une culture de l’infaillibilité qui s’introduit dans la profession, aidée par des obstacles individuels et systémiques, et exacerbée par la crainte du mépris, qui dissuade les médecins de solliciter du soutien ou des ressources. Ils ont aussi fait état de changements de perspective générationnels quant aux facteurs qui influent sur les soins des patients et la conciliation du travail et de la vie personnelle3. Tous ont semblé d’accord que nous devons garder un œil là-dessus, de façon individuelle et en tant que collectivité ; que la collégialité facilite la collaboration et, au bout de compte, améliore les soins prodigués aux patients3,4 ; que des médecins en santé peuvent mieux soigner leurs patients ; que même si l’on reconnait les avantages du mentorat et de l’apprentissage mutuel, on ne mise pas suffisamment sur ces domaines, qui demeurent sous-développés ; et que nous devons chercher à rassembler la profession autour d’un but commun et d’une identité collective3.
Dans son ouvrage intitulé The Little Book of Lykke : the Danish Search for the World’s Happiest People5, Meik Wiking, chef de la direction de l’Institut de recherche sur le bonheur à Copenhague (Danemark), cite la convivialité (ou la solidarité) comme l’un des plus importants des 6 facteurs que l’on considère essentiels à la qualité de vie5. Récemment, lors d’une présentation à Toronto (Ontario), Wiking a amené les membres de son auditoire à se demander s’il y avait quelqu’un dans leur entourage professionnel sur qui ils pouvaient « compter en cas de besoin »6. D’autre part, dans un questionnaire à l’intention des médecins, le BC Medical Journal a posé la question suivante : « Quelle qualité appréciez-vous le plus chez vos collègues ? » Parmi les médecins de la Colombie-Britannique, certains ont répondu que la collégialité était la plus importante qualité (de même que l’amitié, la serviabilité, l’esprit d’équipe et la loyauté). En tête de liste, on retrouvait ensuite l’honnêteté, la compassion et la communication. Bien entendu, j’approuve tous ces choix ; toutefois, j’ai surtout été impressionnée par les qualités que l’auteur lui-même jugeait les plus importantes chez des collègues : la fiabilité, puisqu’il est primordial, maintenant plus que jamais, de pouvoir compter les uns sur les autres afin d’offrir aux patients les meilleurs soins qui soient (cela comprend entre autres de travailler dans un cabinet bien organisé, de respecter ses engagements, d’être ponctuel) ; la curiosité et la volonté de remettre en question le statu quo de façon constructive ; et la volonté d’enseigner. L’enseignement est un engagement qui n’est pas bien rémunéré et qui demande beaucoup de temps lorsqu’il faut en plus gérer un cabinet achalandé, ce qui risque de nous faire prendre du retard et nous force parfois à manquer des activités personnelles et familiales. Par contre, il n’y a aucune limite à ce que peut accomplir un enseignement solide pour la génération actuelle de médecins praticiens et celles à venir7.
Alors que s’achève l’année 2017, rendons hommage aux excellents collègues qui font partie de nos vies. Nous espérons que l’année qui vient sera peuplée d’interactions personnelles et professionnelles enrichissantes. Au nom de tous au CMFC, je vous offre nos meilleurs vœux pour la saison des Fêtes et pour l’année 2018.
Remerciements
Je remercie Mme Cherie Nickel pour sa contribution à cet article.
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