
Au Canada, les populations autochtones ont le pire bilan en matière de santé au pays. Le rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada lance un appel à l’action concernant plusieurs éléments liés à la santé et de nombreux déterminants sociaux qui ont un impact sur le bien-être des personnes et des communautés1. D’importantes organisations médicales ont documenté les faits et ont proposé des mesures favorables au changement.2,3
Notre Collège est actif dans ce domaine. En février 2016, le Groupe de travail sur la santé autochtone du Collège et l’Association des médecins autochtones du Canada ont publié un document d’information sur le racisme systémique, avec de l’information et des recommandations destinées aux médecins de famille4. En février dernier, le CMFC et la Société de la médecine rurale du Canada (SMRC) ont organisé le Sommet pour l’amélioration de l’accès aux soins et de l’équité dans les communautés rurales du Canada, où les leaders des soins de santé et des communautés rurales et autochtones se sont réunis pour lancer le Plan d’action en médecine rurale5 ; ils se sont engagés à poser des gestes qui feront en sorte que tous les Canadiens et Canadiennes des communautés rurales et autochtones aient un accès équitable aux soins de santé primaires.
Le poids de tous ces rapports ne peut être ignoré : les médecins ont un rôle à jouer pour améliorer la santé des populations autochtones, et le moment est venu de passer à l’action. Dans son document d’information de 2016, le Groupe de travail propose des gestes à prendre dans votre pratique, votre communauté, en éducation et dans le développement professionnel continu (DPC), ainsi qu’au niveau du plaidoyer et de la collaboration.4 Par exemple, dans votre pratique clinique, engagez-vous à offrir des soins culturellement sécuritaires. Ceux-ci s’inscrivent dans les principes bien connus des soins centrés sur le patient, en accordant une attention particulière aux relations de pouvoir entre le patient et le médecin, et à l’impact des préjugés inconscients.
Les médecins de famille peuvent s’associer à des organisations autochtones, qui existent non seulement dans les communautés majoritairement autochtones des régions rurales et éloignées, mais aussi dans presque toutes les grandes villes. Ce type de partenariat peut présenter des possibilités de plaidoyer à tous les niveaux, tant à l’échelle locale que nationale. Les médecins qui participent à l’éducation médicale peuvent introduire les soins qui tiennent compte des traumatismes, enseigner l’impact des politiques coloniales et leur incidence non seulement sur les services médicaux d’autrefois, mais sur la réalité d’aujourd’hui. Nous pouvons tous trouver des activités de DPC qui traitent de racisme, d’inégalités en santé et des déterminants sociaux de la santé.
Les changements les plus difficiles sont souvent sur le plan personnel. Les préjugés inconscients sont difficiles à contourner, précisément parce que nous ignorons que nous en avons.
L’autoréflexion est cruciale et peut mener à une prise de conscience des associations subconscientes, des stéréotypes et des préférences qui influencent nos jugements et nos interactions cliniques. Heureusement, l’autoréflexion est une compétence qui s’apprend et qui se développe. En mars dernier, j’ai visité la Première nation d’Alderville (www://alderville.ca) dans le centre-sud de l’Ontario avec la Dre Sarah Funnell, coprésidente du Groupe de travail sur la santé autochtone et M. Artem Safarov, directeur, Politique en matière de santé et relations gouvernementales du CMFC.
Dre Funnell a grandi dans la réserve… nos rencontres avec des membres du conseil de bande, un travailleur du centre de santé et un aîné étaient pour elle un retour aux sources. Alderville est une communauté prospère, où les habitants ont raison d’être fiers de leur héritage. On nous a parlé des nombreux programmes et des nombreuses activités qui rassemblent les gens pour se soutenir les uns les autres, pour célébrer et pour soigner. Bien sûr, il y a aussi des problèmes. Un travailleur spécialisé de la santé a décrit de nombreuses barrières auxquelles il a fait face en essayant de créer une agence des Premières nations pour prendre la relève de la Société de l’aide à l’enfance en matière de protection des enfants. Par contre, parmi tous ceux que nous avons rencontrés, l’importance de respecter la tradition, la confiance dans les réalisations actuelles et l’optimisme pour un avenir meilleur étaient palpables.
Les quatre principes de la médecine familiale sont une base solide du travail que les médecins de famille peuvent faire pour améliorer la santé des populations autochtones.6 Pour intégrer expressément cet effort dans notre éducation médicale et le DPC, le Collège s’efforce d’aborder les problèmes de santé autochtone dans sa mise à jour des rôles CanMEDS-Médecine familiale7. Nous pouvons tous faire une différence dans notre pratique et notre communauté afin d’améliorer les soins pour toute la population canadienne.
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